Energie: choc de simplification chez RWE, affecté par les renouvelables


Des câbles électriques devant une centrale thermique au charbon de RWE à Grevenbroich, près de Cologne, dans l'ouest de l'Allemagne, le 15 août 2012 © DPA/AFP/Archives Henning Kaiser

Berlin (AFP) – Handicapé par l’essor des énergies renouvelables et la baisse du prix de l’électricité, le deuxième groupe d’énergie allemand RWE a annoncé lundi simplifier son organisation, espérant ainsi rebondir alors qu’il devrait dévoiler un bilan financier trimestriel négatif jeudi.

« RWE va être transformé en une société opérationnelle et fusionner en son sein la plupart des (actuelles) sociétés allemandes de RWE », a indiqué le groupe, à l’issue d’une réunion exceptionnelle de son conseil de surveillance, qui a donné son feu vert.

Censés « réduire la bureaucratie » du groupe et le rendre « plus rapide et plus flexible », ces différents changements d’organisation en Allemagne, notamment la réduction de 70% du nombre de conseils de surveillance, entreront en vigueur au 1er janvier 2017.

Cela devrait permettre de générer des économies immédiates de l’ordre de la dizaine de millions d’euros, a indiqué, lors d’une conférence en ligne, le patron de RWE Peter Terium.

Les sites et effectifs ne sont pas affectés par la réorganisation annoncée lundi, a-t-il précisé. Il a toutefois rappelé que le groupe avait en parallèle différents programmes d’économies en cours et que ceux-ci « aboutiront à davantage de suppressions d’emplois ». Au gré des cessions et restructurations, le nombre de salariés a déjà fondu de 10.000 (contre près de 60.000 à fin 2014).

A la Bourse de Francfort, cette annonce, dont les contours avaient déjà été largement évoqués dans la presse, a permis à l’action RWE de rebondir timidement (+0,29% à 19,27 euros).

Analyste chez DZ Bank, Werner Eisenmann, a salué les changements décidés par RWE. « Après les programmes d’économie déjà significatifs, ceci est maintenant une autre étape pour mieux se positionner stratégiquement » face aux changements de politique énergétique, a-t-il expliqué dans une note.

Comme son grand concurrent allemand EON, le suédois Vattenfall ou encore le français Engie (ex-GDF-Suez), RWE subit de plein fouet les effets de la transition énergétique à l’oeuvre en Europe, qui subventionne le développement des renouvelables aux dépens du gaz et du charbon et qui en Allemagne verra la fermeture progressive des centrales nucléaires.

Premier opérateur de centrales au charbon d’Europe et propriétaire de plusieurs réacteurs en Allemagne, RWE souffre particulièrement des nouvelles orientations de politique énergétique. « Le sol s’est dérobé sous nos pieds », a reconnu par le passé Peter Terium.

Entre 2010 et 2014, le bénéfice net de RWE, affecté aussi par l’écroulement des prix de gros de l’électricité, a été divisé par trois.

Jeudi matin, le groupe doit dévoiler ses performances du deuxième trimestre. A la peine au premier trimestre déjà, RWE n’a pas caché qu’une embellie sur le reste de l’année était improbable.

Pour la période de trois mois achevée fin juin, les analystes interrogés par le fournisseur de services financiers Factset tablent sur une perte nette de 89 millions d’euros et un chiffre d’affaires à peu près stable à environ 10,4 milliards d’euros.

Là où EON a voté pour une cure radicale avec une scission du groupe en deux (d’un côté, les « vieilles » activités – production fossile d’électricité et nucléaire – et de l’autre celles d’avenir, à savoir les renouvelables, les réseaux, les services autour de l’énergie), RWE opte pour des adaptations moins spectaculaires.

Il a récemment vendu sa division d’exploitation gazière et pétrolière RWE Dea et amplifié ses investissements dans les renouvelables, domaine dans lequel, de l’aveu même de son patron, il avait raté le coche.

Un groupe de communes de la région industrielle de la Ruhr (ouest) détient toujours une minorité de blocage dans le capital de RWE, créé à la fin du 19è siècle à partir d’une centrale électrique à Essen, et veille jalousement au maintien des activités et à la préservation de l’emploi dans la région, encore un important bassin minier.

© AFP

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