Les cultes français appellent à un « sursaut des consciences » pour le climat

cultes climat

Le président François Hollande participe à une discussion sur le climat avec des représentants des cultes à l'Elysée le 1er juillet 2015 © AFP LOIC VENANCE

Paris (AFP) – Par un temps caniculaire, jeûnant symboliquement pour l’occasion, les responsables des six principales religions en France ont remis mercredi à François Hollande une déclaration commune appelant à un « sursaut des consciences » contre la crise climatique, cinq mois avant la cruciale conférence de Paris (COP21).

Au pied du perron de l’Elysée, sous un soleil de plomb, les membres de la Conférence des responsables de culte en France (CRCF) ont lu leur plaidoyer à six voix alternées, pour marquer leur unité sur ce thème. « Le réchauffement de la planète, on le sent bien tous aujourd’hui », a glissé le président du Consistoire israélite, Joël Mergui.

Parmi ces chefs religieux figuraient l’archevêque catholique Georges Pontier, le recteur musulman Dalil Boubakeur, le pasteur protestant François Clavairoly, le grand rabbin de France Haïm Korsia, le métropolite orthodoxe Emmanuel Adamakis et le moine bouddhiste Olivier Wang-Genh. Ils ont été reçus par le président Hollande en présence de la ministre de l’Écologie, Ségolène Royal, et de Nicolas Hulot, l’envoyé spécial du chef de l’État pour la protection de la planète, qui avait appelé les autorités religieuses à la mobilisation dans une tribune retentissante, début 2014.

« Le président de la République a été très intéressé par cette démarche qui, il faut bien le reconnaître, pour ce qui est de notre pays, est assez originale. Les différentes confessions n’avaient pas encore eu l’occasion de travailler ensemble sur un sujet particulier comme celui-ci », a dit François Clavairoly, qui assure la présidence tournante de la CRCF.

« Au-delà des problématiques techniques, économiques et géopolitiques, la crise climatique relève d’un défi spirituel et moral », selon la déclaration. « Nous appelons à un sursaut des consciences vers une action climatique conséquente et à une remise en question de nos valeurs et de nos attitudes. Refusons l’indifférence et l’avidité. »

En amont de la COP21, les cultes espèrent l’adoption d’un « accord contraignant applicable à tous », qui « engage à sortir à temps de l’ère des énergies fossiles et vise un ensemble d’objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre qui garde le réchauffement moyen global bien en deçà de +2°C ».

La CRCF veut aussi que les États « protègent les populations les plus vulnérables aux impacts des changements en leur permettant de s’adapter à ces impacts et en prenant en compte les pertes et dommages qui leurs sont causés ». Enfin, elle appelle à un texte qui « favorise un développement écologiquement responsable et la lutte contre la pauvreté en garantissant un financement adéquat, le transfert de technologies et le renforcement des savoirs et des compétences ».

L’engagement s’applique aux fidèles eux-mêmes, appelés à « faire évoluer leurs propres modes de vie ». « A chacun de nous de répercuter cette déclaration dans les communautés qui sont les nôtres, de sorte que la société française soit consciente que l’enjeu est universel », a souligné François Clavairoly, pour qui « se taire serait irresponsable ». Le nouveau président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Anouar Kbibech, va ainsi suggérer aux mosquées de consacrer un prêche du vendredi « à la sensibilisation des fidèles à la préservation de la nature », juste avant ou pendant la COP21.

La déclaration a fait l’objet d’une longue maturation, les confessions pouvant avoir des sensibilités différentes. « Le message qui est passé est plus important que les quelques compromis qui ont été faits », a cependant assuré à l’AFP le bouddhiste Olivier Wang-Genh, naturellement en pointe sur ce sujet, convaincu d’une « unité totale de l’homme dans la nature ».

Comme leurs frères musulmans en ce 14e jour de ramadan, les membres de la CRCF jeûnaient mercredi, ainsi que le font des dizaines de milliers de personnes engagées pour le climat à travers le monde le 1er jour de chaque mois depuis fin 2013.

« Il a même été proposé au président de la République de s’associer à ce jeûne », a confié François Clavairoly. A-t-il accepté? « Il faudra lui poser la question », a répondu le pasteur dans un sourire.

© AFP

Ecrire un commentaire