Climat : des scientifiques alertent sur le dégel du permafrost

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Le biologiste français Florent Domine effectue des relevées de températures sur le permafrost, dans l'Arctique canadien, près de Kuujjuarapik, au Québec, le 5 décembre 2014 © AFP/Archives Clement Sabourin

Bonn (AFP) – Des scientifiques ont mis en garde mardi à Bonn contre le cercle vicieux que provoquerait, pour le réchauffement climatique, un dégel du permafrost, des sols gelés en permanence qui emprisonnent des milliards de tonnes de gaz à effet de serre (GES).

« Il y a 1.500 milliards de tonnes de gaz à effet de serre gelé et emprisonné dans le permafrost », a averti la chercheuse Susan Natali du Woods Hole Research Center, en marge des négociations menées à Bonn pour préparer la conférence sur le climat à Paris.

Ce volume, accumulé depuis plusieurs milliers d’années, est « environ deux fois plus important que celui présent dans l’atmosphère », a-t-elle souligné devant la presse.

« Vous pouvez donc imaginer que, quand le permafrost dégèle et qu’une partie, même faible, de ce gaz à effet de serre est libérée dans l’atmosphère, cela peut entraîner une augmentation importante des émissions globales » de GES, a-t-elle poursuivi.

Les émissions résultant du dégel du permafrost, sous forme de dioxyde de carbone ou de méthane, accélèrent le réchauffement climatique, qui lui-même accélère la fonte du permafrost, a expliqué Mme Natali, décrivant ce cercle vicieux.

« Selon nos estimations, 130 à 160 gigatonnes de GES pourraient être libérées dans l’atmosphère d’ici à 2100 » du fait de ce dégel, a indiqué Mme Natali.

Les zones de permafrost couvrent environ 25% des terres de l’hémisphère Nord. D’ici à la fin du siècle, elles devraient diminuer de 30 à 70%, selon les émissions de gaz à effet de serre.

« Dans les scénarios de faible émission, nous prédisons une perte de 30% », un chiffre qui pourra grimper à 70% dans les scénarios les plus noirs, a indiqué la chercheuse, coauteur d’une étude parue dans la revue Nature en avril.

L’estimation la plus basse suppose une réduction drastique des émissions, afin d’atteindre l’objectif de limiter le réchauffement à 2° que s’est fixé la communauté internationale. L’estimation la plus haute suppose que les émissions ne sont pas contrôlées.

La conférence de Paris tentera en décembre de parvenir à un accord pour rester sous 2°. Les pays doivent annoncer d’ici là leurs objectifs de réduction d’émissions de GES.

« Les actions que nous menons maintenant sur nos émissions dues aux énergies fossiles auront un impact important », a souligné Mme Natali. « Nous savons que les fuites de GES du permafrost seront importantes et irréversibles » et qu’elles « doivent être prises en compte si nous voulons atteindre nos objectifs en matière d’émissions ».

 

© AFP

2 commentaires

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    • Oskar Lafontaine

    Effectivement,le problème, connu de très nombreux scientifiques, demeure ignoré ou marginalisé par l’ensemble de la population qui ne connaît que le CO²,alors que le méthane est pourtant un gaz à effet de serre bien plus puissant.. Et il n’y a pas que le permafrost des sols gelés qui libère du méthane en se réchauffant, il y a aussi et même surtout, le méthane piégé au fond des mers et océans, par le froid et la pression, en un mélange original, et que le réchauffement de l’eau de mer par la chaleur que les océans absorbent, ainsi qu’on l’a constaté, libère tout autant,sinon plus, faisant même, en zones arctique, apparaître en surface, des geysers de méthane !
    Il est assez probable maintenant que les ravages du méthane libéré dans l’atmosphère, dépassent ceux résultant des rejets devenus excessifs, de CO². Ce mauvais scénario, de plus en plus probable néanmoins, n’est pas pris en compte, alors même que le cycle naturel et régulier des glaciations et déglaciations, ne connaît ses basculements, constatés très rapides, quelques années seulement, « comme si quelqu’un appuyait sur un bouton » pour reprendre l’expression employée par un scientifique il y a juste quelques années, que par l’entrée en action du méthane après une glaciation, déclenchée elle-même par un mouvement astronomique de notre planète, l’inclinaison qui se modifie de l’axe de rotation de la Terre, phénomène connu puisqu’il est à la base du cycle du zodiaque, ainsi la Terre quitte progressivement, soit un peu plus de temps chaque année qui passe, depuis déjà un peu plus de deux siècles, l’ère des poissons pour entrer dans celle du verseau, ce qui sera achevé et donc complet, d’ici deux siècles.