Notre-Dame-des-Landes (France) (AFP) – Remise en état de maisons promises à la démolition, consolidation de cabanes en bois: les opposants au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), près de Nantes, ont lancé jeudi un chantier de rénovation pour marquer leur volonté de « s’enraciner » et de construire « un avenir sans béton ».
La construction du futur aéroport nantais, que Manuel Valls avait suggéré en décembre d’engager après la mi-2015, n’a toujours pas débuté, les recours déposés par les opposants au projet n’ayant pas encore été examinés par la justice administrative. Mais les occupants de la Zad – la « zone d’aménagement différé » qu’ils ont rebaptisée « zone à défendre » – veulent montrer qu' »en revanche, les travaux collectifs de construction et de reconstruction battent déjà leur plein et vont s’accélérer ».
« Nature des travaux: rénovation des dépendances. Mise en oeuvre: mouvement de lutte contre l’aéroport ». Le premier « permis de construire » de ce « chantier public », qui débutera proprement dit en août, a été symboliquement posé devant la maison de la famille Herbin, arrivée en 1996 sur la zone où doit être construit l’aéroport, et à laquelle la justice a ordonné la veille de quitter les lieux dans un délai de 18 mois.
« Que ce soit 18 mois, ou trois ans (le délai maximum prévu par la loi dans une procédure d’expulsion, ndlr), nous ne partirons pas car l’aéroport ne va pas se faire », assure Claude Herbin, le père de famille, assis dans la cuisine de sa maison de plain-pied, située dans le village du Liminbout, que son propriétaire avait vendue à l’Etat en janvier 2009 sans mentionner la présence de locataires.
![]() Claude Herbin, un habitant qui pourrait devoir quitter sa maison en raison de la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le 14 mai 2015 © AFP |
Dès la mi-août, ce cuisinier natif du territoire de Belfort, installé à Notre-Dame-des-Landes il y a dix-neuf ans pour raisons professionnelles, commencera avec ses soutiens la rénovation de la grange attenante à la maison. « On va refaire la toiture, aménager une salle de réunion, une cuisine car on essaye de s’auto-nourrir », détaille-t-il.
Pour les matériaux de construction nécessaires à ce chantier et à la rénovation d’une dizaine d’autres maisons ou cabanes en bois pendant l’été, « on a mis à contribution les comités de soutien pour fournir ciment, sable, gravier, planches de bardage », tandis que le bois, abattu à Notre-Dame-des-Landes durant l’hiver, sera scié à la mi-juillet grâce à la venue d’une scierie mobile, explique « Raoul », occupant de la Zad depuis 2013.
Après l’opération de remise en culture des terres, lancée au printemps 2013 sous le nom de « Sème ta Zad », « on a voulu faire une réflexion sur le bâti. Notre opposition ne se résume pas à l’abandon du projet. On se donne les moyens de rester sur le long terme, (…) on cherche à s’enraciner », poursuit-il.
Alors que deux ans et demi plus tôt, de violents heurts entre opposants à l’aéroport et forces de l’ordre avaient secoué le bocage, « aujourd’hui, on n’a pas de menace policière et on pense que cette période floue, pendant laquelle il n’y aura pas de décision de mise en route ou d’abrogation du projet, va durer encore deux ou trois ans. Donc d’une phase d’opposition, on passe à une phase de construction », souligne Marcel Thébault, agriculteur dont la maison voisine à celle de la famille Herbin est également promise à la démolition.
« Sur place, on veut construire ensemble un avenir sans béton (…), sans le béton de Vinci (dont la filiale AGO, Aéroports du Grand Ouest, est concessionnaire du futur aéroport, ndlr) », lance-t-il.
![]() Claude Herbin (d), un habitant qui pourrait devoir quitter sa maison en raison de la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le 14 mai 2015 © AFP |
« On tient notre marqueur depuis 1973, depuis le début de la lutte, à savoir garder ce lieu en vie (…). Depuis le début, on veut que les terres agricoles soient entretenues, il faut aussi que les bâtiments soient entretenus pour qu’une fois que la sérénité sera revenue chacun puisse vaquer à ses occupations », insiste Julien Durand, porte-parole de l’Acipa, principale association d’opposants.
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Oskar Lafontaine
Il tombe sous le sens que ce projet d’aéroport est un non sens total à plusieurs niveaux, et d’abord au niveau financier. Sa rentabilité financière en effet est tout ce qu’on voudra sauf assurée, des milliards y seraient investis pour récupérer des clopinettes. Rien qu’à voir ce qui se passe à Berlin, en Allemagne pour la construction d’un nouvel aéroport, toujours pas mis en service après plus de trois ans de retard, et des milliards en plus, du fait d’innombrables malfaçons, scandale nationale majeur outre-Rhin, et dissimulé en France, on peut supposer que l’Hexagone ne saura guère mieux faire, et l’exemple, qui en devient comique, de l’EPR de Flamanville notamment, démontre amplement que les Français, ont « perdu la main » en matière de grands chantiers, et ce n’est pas mieux dans l’industrie où les déboires, toujours renouvelés de l’avion militaire Airbus A 400 M démontrent nos multiples incompétences croisées en Europe, qui se multiplient et deviennent toujours plus coûteuses et insupportables pour le contribuable.
Valls, Hollande et d’autres, surtout parmi leurs contempteurs, obsédés de vouloir leur reprendre la place, sous le « robinet à subventions » branché sur nos impôts, peuvent bien jouer les « gros bras » à grands coups de CRS, et autres « forces du désordre » au cerveau lavé, idées courtes, et violence gratuite, mortelle grenade offensive en bandoulière, rien n’y fera, l’équilibre intellectuel et le simple bon sens, ne sont plus du côté du pouvoir et des « autorités », ramassis inconsistant d’énarques à côté de leurs pompes, de polytechniciens aux « X » tordus et aux « y » hasardeux, honteusement protégés de juges « tenus », qui creusent la tombe du pays hexagonal, par leurs idées tordues et désuètes de constructeurs déments d’usines à gaz administratives, légales et réglementaires pour finir en aéroports déserts, avions écrasés et réacteurs nucléaires laissés à l’abandon à force d’erreurs de conception et de réalisation, le tout sur fond de : »chômage pour tous ».