Drucat (France) (AFP) – La Confédération paysanne a appelé mardi à manifester le 30 mai prochain devant la ferme-usine dite des 1.000 vaches dans la Somme, à 15 jours du procès en appel de neuf de ses militants.
Ces militants avaient été condamnés le 28 octobre 2014 à des amendes et à des peines de prison avec sursis pour avoir endommagé le chantier de la ferme géante. Tous ont fait appel et comparaîtront le 17 juin devant la cour d’appel d’Amiens.
Il y aura plus largement le 30 mai « des rassemblements devant 5 ou 6 fermes-usines emblématiques en France, à 15 jours du procès en appel », a indiqué Laurent Pinatel, porte-parole national de la Confédération paysanne et l’un des neuf prévenus, lors d’un point presse à Drucat (Somme), non loin de la ferme des 1.000 vaches.
Auparavant, le 26 mai, le tribunal administratif d’Amiens aura examiné sur le fond deux recours déposés contre l’exploitation de la ferme et le permis de construire déposé par ses exploitants.
L’exploitation, qui a commencé à fonctionner en septembre à Drucat, près d’Abbeville, compte pour l’instant 500 vaches laitières -outre des centaines de veaux et génisses-, mais a été surnommée « ferme des 1.000 vaches » par ses détracteurs qui y voient le symbole de l’industrialisation de l’agriculture en France.
Ses exploitants ont déposé un dossier pour passer de 500 à 880 laitières. Sans attendre le résultat de l’instruction technique en cours, le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll s’est prononcé pour l’ouverture d’une nouvelle enquête publique.
– Un projet toujours contesté –
La Confédération paysanne, accompagnée de l’association d’opposants à la ferme, Novissen, a réaffirmé sa volonté d’obtenir la fermeture de l’exploitation.
« Ils sont en train de nous prouver par l’absurde que ce projet ne tient pas la route », a déclaré M. Pinatel, qui estime que « plus personne ne veut ramasser leur lait ».
Selon la Confédération paysanne, de nombreux industriels clients de la ferme ont cessé de s’y approvisionner, sous la pression du syndicat et des consommateurs.
Antoine Jean, porte-parole de la Confédération dans le Nord/Pas-de-Calais, affirme ainsi que 90% de la production part chez un transformateur industriel près de Bruxelles, qui collecte le lait autour de 22 centimes le litre.
« Senagral continue d’acheter notre lait. Des militants de Novissen ont suivi un camion de ramassage et ont constaté ce jour-là qu’il était vendu à un fabricant de produits laitiers belge, situé à Zonhoven, mais la destination n’est pas toujours la même », a réagi le directeur d’exploitation de la ferme, Michel Welter.
« Ce qu’on demande, c’est de la transparence de la part des pouvoirs publics. Sur tout le côté sanitaire, on ne sait rien », a déclaré pour sa part Francis Chastagner, président de Novissen. Il s’inquiète « du chiffre de 25% de mortalité » dans l’élevage, qui a été avancé « de façon non-officielle pendant un comité de suivi début avril ».
Selon M. Welter, le chiffre qui circule correspond à « un pic particulier qui est effectivement d’une perte de 26% des veaux nés les semaines autour de Noël, saison propice à des diarrhées virales (équivalent des gastroentérites chez l’homme) ».
Il ajoute qu' »aujourd’hui, la mortalité moyenne globale (vaches laitières, génisses et veaux) est de 14% » et espère descendre à un niveau de 10%, voire moins à l’horizon de septembre 2015.
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