Nucléaire: l’EPR de Flamanville « n’est pas condamné », assure Royal

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Installation d'un dôme sur un réacteur de l'EPR de Flamanville le 16 juillet 2013 © AFP/Archives CHARLY TRIBALLEAU

Paris (AFP) – Le chantier de l’EPR de Flamanville (Manche) « n’est pas condamné », a assuré dimanche Ségolène Royal, parlant de simples « ajustements de travaux » à faire à propos de l’anomalie de fabrication détectée sur la cuve du réacteur nucléaire de troisième génération construit par EDF et Areva.

Interrogée sur la chaîne France 5 sur l’avenir de l’EPR de Flamanville après l’anomalie « sérieuse » de fabrication révélée par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), la ministre de l’Ecologie et de l’Energie a affirmé: « Non, il n’est pas condamné ». « EDF a communiqué pour dire que l’ouverture serait sans doute retardée d’une année », a-t-elle souligné.

De son côté, EDF a rappelé dans un communiqué diffusé dans la soirée que « dans l’état actuel des informations disponibles », le « chantier de l’EPR de Flamanville se poursuit ».

« Les Français peuvent être rassurés au sens où l’ASN dit les choses », a estimé la ministre, vantant un « système français transparent (…) et ça, c’est quand même un progrès extraordinaire ».

« Cela permet au parlement de faire des auditions, au gouvernement d’exiger des évaluations, des tests complémentaires, ce qu’Areva s’est engagé à faire », a-t-elle poursuivi.

« Ce sont des travaux extrêmement complexes (..) et comme dans tous les travaux industriels, même ceux menés en dehors de la filière nucléaire, il y a des ajustements en cours de travaux », a plaidé Mme Royal.

Selon la ministre de l’Ecologie, « la clarification est faite, les choses sont dites, il y a un complément d’examens, de tests qui vont avoir lieu, dont les résultats seront rendus publics à l’automne prochain, et ensuite les travaux reprendront ».

L’anomalie de fabrication détectée sur la cuve de l’EPR de Flamanville est « sérieuse », a estimé mercredi Pierre-Franck Chevet, président de l’ASN, soulignant que cette autorité administrative indépendante entend se forger une « conviction très forte » avant de trancher sur le dossier.

L’anomalie concerne la composition de l’acier du couvercle et du fond de la cuve du réacteur.

Areva, qui a fabriqué la cuve, doit proposer des essais complémentaires visant à cerner « l’importance de l’anomalie, essayer de la qualifier et de voir quels impacts elle a potentiellement sur la sûreté », selon le président de l’ASN. Cela représente « un très gros travail de plusieurs mois ».

© AFP

2 commentaires

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    • Oskar Lafontaine

    Il ne faudrait pas tomber dans le panneau. La question n’est absolument pas de savoir si la cuve de l’EPR de Flamanville est bien ou mal réalisée au niveau de la fonderie, car ce n’est là qu’un prétexte, et la seule question pertinente demeure de savoir quand l’arrêt définitif de tout le programme EPR sera enfin annoncée.
    Car l’EPR est un échec, mais même si, celui de Flamanville, n’avait coûté pas plus de 8,5 milliards d’euros, avait pu être démarré, et avec succès, avant fin 2016, il serait demeuré un échec, et il aurait été stoppé au bout de quelques années au lieu des soixante annoncées.
    Ce ne sont pas les défauts de ce réacteur qui le tuent, ni sa trop longue construction, mais bien la concurrence des renouvelables qui fournissent déjà de l’électricité moins onéreuse, sans risques ni déchets et verront leurs prix continuer à baisser, ringardissant toujours un peu plus l’emploi, année après année, l’emploi du nucléaire pour produire de l’électricité.

    • Oskar Lafontaine

    Plutôt que de suivre les péripéties affligeantes de la construction du réacteur EPR de Flamanville et des 3 autres dans le monde, comme si c’était là l’essentiel pour prédire leur destin, il serait plus prédictif de s’intéresser à l’évolution depuis cinq ans du prix de l’électricité en Europe.
    Or ce prix, qui tourne en moyenne, en cette année 2015, entre 35 et 50 euros du mégawattheure, et encore bien moins en été, a déjà baissé de 30 % depuis 2009-2011 et il n’y a aucune raison pour qu’il remonte, d’autant qu’à certaines heures, plusieurs fois par an, ce prix devient même négatif, tant la demande d’électricité est faible et la production excédentaire, en dépit du retrait du service, entre gaz, charbon et nucléaire en Europe, depuis cinq-six ans, de capacités de production, supérieures même à la puissance de tout le parc nucléaire d’EDF en France. Capacités de production supprimées et remplacées, au-delà même, par des renouvelables exclusivement.
    Quand on connaît de plus le prix de production d’un mégawattheure en nucléaire et surtout son évolution irrésistible à la hausse, qu’il s’agisse des anciens réacteurs largement amortis, mais qui nécessitent de coûteuses remises à niveau, et à fortiori des nouveaux comme l’EPR, une conclusion s’impose d’elle-même, c’est la fin du nucléaire, tant ce prix de l’électricité nucléaire, est dissuasif par son niveau bien trop élevé.
    Le facteur le plus important qui explique cette situation nouvelle, au-delà de la conjoncture économique qui a fait baisser mécaniquement la consommation, de concert avec des améliorations techniques autorisant de sensibles économies d’électricité, c’est encore l’arrivée massive en Europe de l’électricité issue des renouvelables.
    Comme de plus l’électricité issue de ces renouvelables est chaque année qui passe moins onéreuse à produire, avec déjà une division par cinq en douze ans, et celle issue du nucléaire au contraire de plus en plus onéreuse, la simple continuation de ces deux évolutions opposées, signe l’arrêt de mort de l’EPR en particulier, d’où la recherche, désespérée, par les superviseurs financiers de sa construction, d’un prétexte crédible pour arrêter les frais, et cette histoire de cuve à l’acier de mauvaise qualité, pourrait bien trouver sa place dans cette recherche désespérée d’un prétexte.