Conférence climat: Etats-Unis, Russie et UE dévoilent leur objectif de réduction

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Un photographe se tient devant un globe terrestre animé à la Porte de Brandebourg, lors de la présentation d'une campagne sur le changement climatique, le 28 mars 2015 à Berlin © AFP/Archives John MacDougall

Paris (AFP) – A huit mois de la conférence sur le climat à Paris, la plupart des pays n’ont pas encore annoncé leur objectif de réduction de gaz à effet de serre pour après 2020 mais les Etats-Unis, l’Union européenne et la Russie ont franchi cette étape clé.

Initialement, tous les pays « prêts à le faire » devaient présenter avant le 31 mars leurs « contributions nationales » à l’objectif mondial de limiter le réchauffement de la planète à 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle.

In extremis, les Etats-Unis – 2e plus gros émetteur derrière la Chine – et la Russie – le 5e derrière l’Union européenne et l’Inde – ont officiellement communiqué mardi leur nouvel objectif.

Washington a confirmé l’engagement pris en novembre au côté de la Chine, à savoir une baisse de 26% à 28% entre 2005 et 2025.

La Russie a dit viser moins 25 à 30% entre 1990 et 2030, avec un certain flou sur la comptabilité des émissions dues aux forêts, ce qui peut changer la donne sur les réels nouveaux efforts promis par Moscou.

Après la conférence de Lima en décembre et avant le rendez-vous de Paris (30 novembre-11 décembre), la date butoir du 31 mars se voulait une étape devant permettre de faire un bilan. Un accord multilatéral, en discussion depuis plusieurs années, est espéré dans la capitale française.

ONG, experts et certains pays espéraient que les annonces faites fin mars permettraient d’évaluer l’effort général et d’avoir de la visibilité sur le fossé à combler.

Or, de grands pays émetteurs de gaz à effet de serre – Chine (plus de 25% des émissions), Inde, Australie, Japon, Brésil – manquent à l’appel.

« Ce décalage dans le calendrier est problématique », estime Célia Gautier du collectif d’ONG Réseau action climat. « Plus les pays prennent du retard, moins ils seront incités à comparer leurs engagements avec d’autres et à les rehausser », avance-t-elle.

« C’est un problème de précaution », explique Laurence Tubiana, négociatrice pour la France, « soit parce que les gouvernements ne se sont pas exercés à cet exercice de prospective, soit parce qu’ils sont prudents » sur ce que permettront les progrès technologiques dans quelques années. Mais « nous aurons beaucoup de contributions nationales en juin », assure-t-elle.

Annoncer son objectif climatique revient notamment à prévoir la part de ses différentes sources énergétiques (fossiles, renouvelables, nucléaire) après 2020: une démarche complexe car elle doit prendre en compte les coûts des investissements, les besoins pour assurer le développement économique et la compétitivité, l’évolution des technologies.

Début mars, l’Union européenne (12% des émissions) a été la première à officiellement transmettre son plan pour après 2020 (baisse de 40% des GES en 2030 par rapport à 1990). La Norvège a pris des engagements similaires à l’UE. La Suisse vise moins 50% de gaz à effet de serre à 2030.

Samedi, le Mexique (1,4% des émissions mondiales) a été le premier pays émergent à dévoiler ses objectifs, un pas salué par Washington et Paris: pic des émissions en 2026, réduction de 22% en 2030 par rapport à un scénario basé sur leur évolution actuelle, révisable à la hausse en fonction du soutien international.

Au total, 33 des 195 pays membres de la Convention de l’Onu sur le climat ont officialisé leur engagement, ce qui représente environ un tiers des émissions mondiales.

« S’il y a des progrès dans les propositions des gouvernements pour la période post-2020 (…) on est encore loin d’objectifs compatibles avec le 2°C », a averti Bill Hare mardi dans un communiqué du centre de recherche Climate Analytics.

Selon le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec), les émissions de gaz à effet de serre – qui ne cessent de croître – doivent être réduites de 40 à 70% d’ici 2050 pour espérer tenir le cap des 2°C.

Les annonces d’autres grandes nations – Chine, Inde, Australie, Japon, Brésil – sont maintenant attendues d’ici juin, lorsqu’un nouveau round officiel de négociations intermédiaires aura lieu à Bonn (1-11 juin).

« Nous ferons de notre mieux pour soumettre notre contribution au cours du premier semestre », a déclaré lundi à la presse un porte-parole chinois, Pékin ayant déjà mis en avant son objectif de parvenir à un pic de ces émissions d’ici 2030 ou plus tôt.

© AFP

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    • Oskar Lafontaine

    Je suis pour le moins sceptique sur le bien fondé de cette procédure d’annonces. Tout au plus correspond-t-elle à un voeu pieux de la part de pays qui « s’engagent », ou plus exactement « déclarent s’engager ».
    Encore une fois l’exemple du précédent, et de l’échec du protocole de Kyoto devrait nous revenir en mémoire.Le plus comique étant que ces objectifs, comme ce fut le cas avec le protocole de Kyoto pour les Etats-Unis qui ne l’avaient pas ratifié, seront peut-être atteints, voire dépassés, mais que l’action politique n’y sera en tout état de cause pour rien. Et donc que la conférence internationale aujourd’hui programmée, n’aura servi à rien, sinon à donner à penser aux peuples, que les politiques auraient un « pouvoir », alors qu’ils sont nus en réalité, en ce domaine comme en tant d’autres..
    Ainsi il apparaît assez vraisemblable, et c’est un exemple, mais certainement le plus important de ce point de vue là, que, d’ici quelques années, cinq à dix probablement, les véhicules électriques remplaceront progressivement l’essentiel du parc automobile classique. Les progrès sur les accumulateurs, l’allègement des carrosseries, rendues plus légères, comme la multiplication de l’utilisation des panneaux solaires photovoltaïques suffiront ainsi, et surtout sans « subventions », à tenir ces engagements de réduction des émissions de CO², par diminution de l’emploi des produits pétroliers bien plus sûrement que toutes les résolutions politiques votées, aussi solennelles soit-elles.
    Par ailleurs, et c’est tout aussi essentiel, il faut comprendre et anticiper que le solaire est parti pour remplacer le charbon et le gaz, parce que bien moins onéreux, à mettre en oeuvre,au plan de la production électrique, actuellement très grosse « contributrice » aux rejets de CO², que ces procédés anciens et traditionnels. Procédés certes efficaces, mais devenus trop onéreux à mettre en oeuvre, et donc non concurrentiels, au moins parce qu’ils nécessitent le recours aux réseaux électriques, dont le photovoltaïque se passe, et se passera de plus en plus grâce aux accumulateurs, et réseaux qui représentent plus de la moitié du prix de l’électricité, donc trop chers à mettre en place puis à entretenir, et fondamentalement fragiles, puisque notamment soumis aux aléas climatiques .