Climat: un accord probable à Paris, mais « insuffisant » selon le Giec

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La Tour Eiffel masquée par un épais brouillard le 12 février 2015 © AFP/Archives Patrick Kovarik

Bruxelles (AFP) – Un accord pour lutter contre le réchauffement sera trouvé à Paris, mais il sera « insuffisant » pour protéger le climat, car les promesses de réductions des émissions de gaz à effet de serre ne sont pas à la hauteur des attentes, a averti le vice-président des experts du Giec, le Belge Jean-Pascal Van Ypersel, dans un entretien à l’AFP.

Un texte de négociation vient d’être adopté à Genève, pensez-vous qu’il permette de conclure un accord lors de la conférence de Paris ?

La volonté réelle ou non d’aboutir va déterminer le succès à la fin de l’année. Je suis assez optimiste. On aura un accord à Paris. 

Au regard des promesses de réduction des émissions, sera-t-il suffisant pour limiter la hausse du réchauffement à +2°C. Ne risque-t-on pas un accord au rabais ?

L’accord risque d’être largement insuffisant par rapport à l’ampleur du défi et par rapport à ce qui serait nécessaire pour vraiment aboutir à la protection du climat. Mais une chose à la fois. Un succès à Paris permettra de continuer le travail. Malheureusement le temps passe. Ma crainte vient de la manière dont les décisions sont prises. Elles sont basées sur le consensus. Il faut que l’immense majorité des pays soit d’accord sur le texte. Je ne sens pas encore aujourd’hui le consensus sur une ambition plus grande.

Les contributions nationales doivent être annoncées avant le 31 mars. Peut-on espérer des engagements plus importants de la part de certains grands pays, notamment des Etats-Unis ?

Je crains que dans la mesure où il n’y a pas de mécanisme pour forcer plus d’ambition, il faudra se satisfaire de ce que les pays sont prêts à annoncer. Les Etats-Unis ont certaines difficultés législatives, et les négociateurs américains n’accepteront à Paris que ce qu’ils savent qu’ils pourront faire accepter par la suite, ce qui est très honnête. Il vaut mieux cela que des négociateurs qui acceptent n’importe quoi en sachant que cela n’a aucune chance de passer par la suite devant leur parlement.

Cela ne risque-t-il pas de fausser les négociations, voire de les faire échouer ?

 Aucun pays ne représente plus d’un quart des émissions mondiales. Ce qui veut dire que même si un pays très important ne participe pas, il y a toujours la possibilité que les trois quarts des émissions mondiales soient affectés par ce qui se fait dans les autres pays. Plus personne ne dit: « Si tous les autres n’agissent pas, je n’agis pas non plus ».

Comment contraindre les Etats à s’engager davantage ? 

Il faut espérer que les citoyens fassent pression sur les gouvernements. Les promesses actuellement sur la table ne permettent pas de respecter l’objectif de +2°C à l’horizon 2020. Il faut aller plus loin. Il faut attendre les contributions nationales, voir leur somme et leur évaluation. Si on émet pendant plus longtemps à un niveau élevé, il faudra réduire plus fortement plus tard. Mais il est évident que ce sera difficile et coûtera plus cher.

Vous êtes candidat à la présidence du Giec. L’élection est prévue en octobre. Quel doit être son rôle après la conférence de Paris ?

Le Giec (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat) a un rôle de conseiller. Il va continuer à dire ce qui est, à décrire les risques, et essayer d’être le plus clair possible quant aux possibilités d’agir pour réduire ces émissions. Il y a beaucoup d’options du coté de la technologie, des changements de comportements et des politiques économiques, notamment la diminution des aides aux combustibles fossiles. Il faut arriver à se passer de la combustion de ces combustibles fossiles à l’air libre d’ici la fin du siècle.
© AFP

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