San José (Etats-Unis) (AFP) – Les grandes plaines des Etats-Unis vont probablement connaître au 21e siècle des sécheresses bien pires que celles qui se sont produites durant le dernier millénaire, menaçant leurs habitants, ont mis en garde des scientifiques réunis cette semaine à San José (ouest).
Ce scénario sombre est ressorti de simulations effectuées avec 17 modèles informatiques de l’évolution du climat en Amérique du Nord.
Des scientifiques ont reconstitué le climat d’une période inhabituellement chaude et sèche aux 12e et 13e siècle à l’aide des cercles de croissance de vieux troncs d’arbre, a expliqué Toby Ault, un climatologue de l’Université Cornell, dans l’Etat de New York.
Il est l’un des principaux auteurs de ces travaux présentés à la Conférence annuelle de l’American Association for the Advancement of Science (AAAS) à San José en Californie.
« J’ai été vraiment surpris de constater combien l’avenir dans ces régions sera probablement très sec », a-t-il ajouté. « Ces super-sécheresses ressemblent à un désastre naturel au ralenti » et mériteraient la même mobilisation que pour d’autres catastrophes naturelles.
Ces travaux paraissent également dans le premier numéro de la revue Science Advances, une nouvelle revue de l’AAAS publiée seulement en ligne et ouverte à tous.
Il est clairement établi que le réchauffement climatique exacerbe la sécheresse actuelle dans le centre et le sud-ouest des Etats-Unis, relèvent les climatologues.
Selon eux, les résultats de cette nouvelle recherche suggèrent que ces zones connaîtront des périodes sèches prolongées dans l’avenir qui seront plus sévères et même plus chaudes que les méga-sécheresses des 12e et 13e siècle. Celles-ci ont coïncidé avec une période inhabituellement chaude qu’ils appellent « anomalie climatique médiévale ».
Cette anomalie aurait contribué à l’effondrement de la civilisation des Anasazis, des Amérindiens qui vivaient dans le sud-ouest entre les 8e et 13e siècle.
Quasiment toutes les simulations faites par ces scientifiques montrent des conditions extrêmes de sécheresse résultant de la combinaison d’une réduction des précipitations et d’un réchauffement, dans ces grandes plaines.
Les chercheurs ont retenu l’hypothèse de la poursuite des émissions de gaz à effet de serre au rythme actuel, notamment du dioxyde de carbone (CO2), ainsi qu’un autre scénario avec une augmentation plus modérée. Dans les deux cas, ils sont parvenus aux mêmes résultats quant à la sévérité et à la durée des futures sécheresses au cours de ce siècle.
« Ces modèles nous disent que nous allons avoir des sécheresse similaires durant le reste de ce siècle mais qui dureront probablement au moins 30 à 35 ans », a ajouté un autre auteur de l’étude.
Sans changement de ces émissions, précisent les chercheurs, il y aura 80% de probabilité que les sécheresses dévastatrices se produisent dans les plaines des Etats-Unis entre 2050 et 2099.
« Ces résultats sont extrêmement défavorables pour la poursuite de l’agriculture et de la gestion actuelle des ressources en eau dans les grandes plaines et le sud-ouest des Etats-Unis », a jugé David Stahle, de l’Université d’Arkansas, qui n’a pas participé à cette étude.
« Des changements dans les précipitations, les températures et l’aggravation des sécheresses sont les conséquences probablement les plus immédiates de l’accumulation du CO2 dans l’atmosphère sur notre société. Celle-ci dépend de façon vitale des ressources en eau douce pour se nourrir, produire de l’électricité et ses industries », a relevé Kevin Anchukaitis, un chercheur à la Woods Hole Oceanographic Institution.
Selon lui, les résultats de cette dernière étude « exigent que nous réfléchissions sans attendre à notre survie et aux moyens de nous adapter ».
Onze des quatorze dernières années ont vu des sécheresses toucher la plus grande partie de l’ouest américain, dont la Californie, le Nevada, le Nouveau-Mexique et l’Arizona ainsi que les plaines du sud-ouest, selon l’US Drought Monitor, un observatoire gouvernemental.
La sécheresse actuelle, modérée par rapport à ce que prévoient ces modèles, affecte directement plus de 64 millions de personnes dans ces plaines et de nombreuses autres sont indirectement touchées en raison de l’impact sur l’agriculture, selon la Nasa.
© AFP
3 commentaires
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Oskar Lafontaine
Plutôt que de se lamenter et de se couvrir la tête (symboliquement) de cendres, pour tenter d’expier ainsi notre super péché du CO², il conviendrait plutôt de se demander :
–D’abord où vont tomber les pluies qui déserteront les plaines et l’ouest américain ?
–Ensuite comment faire techniquement et économiquement, avec nos moyens industriels, pour amener de l’eau, là où elle va faire défaut ?
En toute première estimation il va falloir mettre en place des pipe-lines sur des milliers de kilomètres depuis l’Atlantique à l’Est et le Pacifique à l’Ouest qui amèneront de l’eau de mer que l’on désalinisera sur place à l’énergie solaire, dans ces Etats, elle n’y fait pas vraiment défaut. La question sera alors : que faire et où mettre tout ce sel ?
Dans les systèmes actuels de désalinisation de l’eau de mer, en Israël, en Arabie, dans les Emirats, en Australie et ailleurs, le sel est concentré en saumure et rejeté ainsi dans l’océan, ce qui est déjà, et non sans raisons, critiqué. On va probablement constituer des collines, sinon des montagnes de sel en un siècle, d’où la question, que faire de tout ce sel ?
hubert
Les américains nient le réchauffement climatique et son origine humaine alors qu’ils sont les premiers pollueurs alors je ne vais pas les plaindre. J’ai beaucoup plus de compassion pour les habitants des pays pauvres et pour les animaux sauvages qui subissent les conséquences de ce réchauffement alors qu’ils n’y sont pour rien. Je suis allé aux USA, j »ai vu leur mode de vie alors je pense qu’ils sont incapables de faire les efforts pour essayer de sauver notre pauvre Terre.
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