Paris (AFP) – Le Sénat, majoritairement de droite, a rejeté mercredi l’objectif de réduire à 50% la part du nucléaire dans la production d’électricité d’ici 2025, qui figure dans le projet de loi de transition énergétique et dans la liste des promesses de campagne de François Hollande.
La commission des Affaires économiques est d’accord pour la limite de 50%, mais elle a retiré l’échéance de 2025.
La ministre de l’écologie Ségolène Royal a tenté de la rétablir par un amendement qui a été rejeté en séance avec 214 voix contre et 122 pour.
UMP, centristes, communistes et RDSE (à majorité PRG) ont voté contre tandis que les socialistes et les écologistes l’ont soutenu.
« Le vote de la réduction de 50% par le Sénat rééquilibre le modèle énergétique », a souligné la ministre. « Il constitue un grand pas pour construire un modèle énergétique qui permet la montée en puissance du renouvelable. Même sans date précise, l’objectif est clair. C’est positif et c’est la traduction d’une volonté de co-production au dessus des clivages politiques », a-t-elle poursuivi.
« Evitons le dogmatisme et réfléchissons dans l’intérêt de notre pays », a déclaré pour sa part Didier Guillaume (PS). Il a souhaité que le gouvernement « s’engage rapidement dans la voie de réacteurs nucléaires plus petits, plus sûrs, plus efficaces, qui puissent être exportés ».
« Réintroduire cette date, c’est réintroduire un élément de polémique, alors que nous sommes tous favorables à une diminution de la part du nucléaire », a déploré Chantal Jouanno (UDI-UC).
« Si vous voulez mettre ce schéma en place, vous serez obligés de faire comme l’Allemagne, c’est-à-dire de remettre en service des centrales à charbon », a estimé Gérard Longuet (UMP). « Vous ne pourrez pas le mettre en oeuvre », a-t-il affirmé.
De la même manière, une tentative de Mme Royal de replacer l’objectif de baisse annuelle de l’intensité énergétique, pour réduire la consommation de 20% en 2030 a échoué.
« Efficacité énergétique ne signifie pas décroissance », a déclaré la ministre. « Les économies d’énergie rendront nos entreprises plus compétitives et en réduisant les factures des particuliers, leur rendront du pouvoir d’achat pour consommer », a-t-elle poursuivi.
Mais pour M. Longuet, « on ne consomme pas d’énergie par perversité, souci de dégrader l’environnement ou de faire plaisir aux émirs, mais parce que c’est une absolue nécessité ». « Je comprends le volontarisme du gouvernement, mais une économie de subventions qui tord les prix et nie les réalités économiques peut-elle être durablement supportée par notre pays? », a-t-il demandé.
En revanche, le Sénat a adopté un amendement du rapporteur Ladislas Poniatowski (UMP) pour mettre en place une Union européenne de l’énergie. « L’Union est confrontée à de nombreux défis en matière énergétique », a-t-il souligné, citant la réduction de sa dépendance, le développement de l’interconnexion des réseaux nationaux, ou celui des énergies renouvelables intermittentes.
« Voilà pourquoi la construction d’une véritable Union européenne de l’énergie est plus que jamais indispensable, comme l’ont encore rappelé, le 5 février, le président de la République ainsi que les présidents du Sénat Gérard Larcher et de la Commission européenne Jean-Claude Juncker ».
Le projet de loi, déjà adopté par l’Assemblée, est examiné au Sénat jusqu’au 19 février. Il fera l’objet d’un vote solennel le 3 mars.
Le gouvernement ayant engagé la procédure accélérée (une lecture par chambre), il fera ensuite l’objet d’une commission mixte paritaire (7 sénateurs, 7 députés) pour trouver une version commune. En cas d’échec, l’Assemblée, majoritairement de gauche, aura le dernier mot.
© AFP
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Oskar Lafontaine
Il est clair que, et par ce vote plus politique que réaliste, les sénateurs ne font là qu’un triste étalage de leur ignorance complète des problèmes liés aux évolutions technologiques tout autant que financières et comptables, de la production, comme de la distribution, de l’électricité.
En tout état de cause, et même si les sénateurs, ce qui n’est déjà constitutionnellement pas le cas, avaient le pouvoir d’imposer leur vote à l’Assemblée, la part du nucléaire dans l’alimentation électrique des français en 2025, serait dans tous les cas très inférieure à ce pourcentage de 50%, et, ce qui achève de ridiculiser le vote des sénateurs, même si Hollande n’avait fait, sur ce point, aucune promesse de campagne.
La simple obsolescence des 58 réacteurs d’EDF en France, complétée par le manque de moyens financiers et humains d’EDF pour maintenir en service opérationnel ces 58 installations nucléaires, déjà en 2015, techniquement et surtout économiquement, dépassés, conduira inévitablement à la chute au-dessous de 50 % de ce pourcentage symbolique, objet du vote.
La publication, jeudi 12 février, du bilan 2014 d’EDF, a immédiatement conduit la Bourse de Paris a réagir très négativement sur ce titre industriel, ce qui déjà donne une idée du sombre avenir financier qui attend EDF, dont le nouveau PDG, Lévy, avait même, sur une radio, dès le matin, clairement laissé entendre que le projet de nouveaux compteurs dits « Linky » n’était plus assuré financièrement.
Tant la production que la distribution d’électricité par EDF et son réseau électrique qui recouvre la France d’une inquiétante toile d’araignée de câbles générateurs de champs électromagnétiques calamiteux pour la santé, sont entrés dans une phase de régression qui n’ira plus qu’en s’accentuant.
Des mots et expressions, dont la signification exacte n’est aujourd’hui encore, qu’assez largement ignorée, comme « autoconsommation », « autonomie électrique », « stockage lithium », vont se banaliser et prendre un contenu financier encore insoupçonné, et dont EDF fera les frais.
Le tandem photovoltaïque+accumulateurs lithium, voilà l’arme principale, déjà forgée et efficace, qui tuera EDF et enverra l’électronucléaire au musée des technologies du passé et les sénateurs, à leur ridicule.