Climat: le projet d’accord gagne en volume et en options

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Vue du Palais des Nations, à Genève, où se tiennent les négociations internationales sur le climat le 8 février 2015 © AFP/Archives Richard Juilliart

Genève (AFP) – Les négociateurs des 195 pays de la conférence sur le climat ont présenté mercredi à Genève une nouveau texte qui n’exclut aucun point de vue, une étape consensuelle avant les âpres batailles qui vont s’engager pour sceller un accord ambitieux fin 2015 à Paris.

Réunis depuis dimanche au Palais des Nations, les délégations ont amendé le texte de départ afin qu’il puisse contenir toutes les positions, y compris les plus antinomiques parfois. De 37 pages, le texte de négociation est passé à environ 90.

« Nous avons un brouillon d’accord qui semble satisfaire tous les pays », s’est réjoui Jens Clausen, de Greenpeace. « C’est un énorme changement dans la dynamique, grâce à l’ouverture des personnes présidant la réunion ».

« C’est de bon augure pour l’année à venir », a-t-il dit, ajoutant que « des pays ont même commencé à s’approcher les uns les autres autour de certains sujets difficiles ».

Tous les grands sujets épineux se trouvent dans le texte, comme l’aide à l’adaptation au changement climatique que les pays du Sud veulent plus clairement inscrite dans l’accord. Ils exigent également qu’y soit précisée la façon dont les pays industrialisés comptent arriver à verser les 100 milliards de dollars par an qu’ils leur ont promis d’ici 2020.

Autre sujet central: les pays en développement, grands émergents en tête, tiennent à ne pas être traités à la même enseigne que les pays industrialisés qui ont une « responsabilité historique » dans le réchauffement, mais ces derniers s’opposent à inscrire noir sur blanc une ligne de partage aussi nette.

Pour beaucoup d’observateurs, cette inflation du texte était une « étape nécessaire », pour consolider la confiance entre les parties, parfois mise à mal dans le passé, en vue du tout premier accord universel sur le climat espéré à Paris en décembre.

« C’est un passage obligé, afin de s’assurer que toutes les parties se l’approprient », estime Ahmed Sareer, ambassadeur des Maldives et président de l’Alliance des petits États insulaires.

« Bien sûr, nous aurons beaucoup à faire dans les mois à venir, et nous devrons nous entendre ici (à Genève) sur la manière dont nous devrons rationnaliser le texte » à partir de juin, lors de la prochaine réunion de négociations, prévue à Bonn. « Mais je suis sûr que nous resterons sur la voie d’un accord ambitieux à Paris », a-t-il dit

« Jusqu’à présent, ce n’est pas grave », estime l’ancien ministre français Pascal Canfin, conseiller du think tank américain World Resources Institute.

« Mais cette étape va-t-elle nous permettre de revenir à quelque chose de concentré sur quelques options clés, ou va-t-elle reforger de mauvaises habitudes? »

« Ce qu’on ne veut pas voir c’est une croissance exponentielle du texte comme à Copenhague », en 2009, où les tractations s’étaient soldées par un échec encore dans toutes les mémoires, abonde Pierre Cannet, du WWF.

Les délégués, qui avaient pour mission de produire d’ici vendredi un texte de négociation « plus rationalisé, concis et gérable », planchaient donc de nouveau mercredi, cette fois pour tenter de définir une méthode et des moyens pour le réduire. Sans toutefois trancher dans le vif des dissensions, n’ayant pas le mandat de le faire.

« Il est clair que nous avons maintenant un texte qui représente un certain défi, avec plus d’options, plus de pages », a reconnu mardi Christiana Figueres, la responsable climat de l’Onu, qui a néanmoins tenu à souligner la « très bonne atmosphère dans la salle ».

La communauté internationale s’est fixé comme objectif de limiter le réchauffement planétaire à +2° par rapport à l’ère industrielle, via un accord de Paris sur les réductions de gaz à effet de serre censé prendre le relais du protocole de Kyoto pour l’après-2020.

Faute d’action, le monde file vers +4 à +5° d’ici la fin du siècle, avec à la clé des dommages irréversibles aux écosystèmes et aux sociétés, notamment des pays les pauvres.

Parallèlement, les Etats sont aussi invités à publier leurs engagements nationaux en matière de réduction des émissions. Les déclarations des pays les plus émetteurs sont espérées d’ici juin, voire mars pour quelques uns comme l’Union européenne.

 

© AFP

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