Transition énergétique: vers un bras de fer Sénat-gouvernement

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Un parc d'éoliennes dans l'ouest de la France © AFP/Archives Jean-Sebastien Evrard

Paris (AFP) – L’examen du projet de loi sur la transition énergétique qui débute mardi au Sénat risque de se traduire par un bras de fer entre sénateurs et gouvernement.

Les premiers sont d’accord pour limiter à 50% la part du nucléaire dans la production d’électricité mais sans fixer de date, alors que le gouvernement prévoit, lui, 2025, une date correspondant à l’une des promesses de campagne de François Hollande.

« Tout en adhérant à l’objectif de diversification souhaité par le gouvernement, l’amendement que nous avons adopté vise à assurer une transition réaliste et garante d’une croissance durable », a assuré Ladislas Poniatowski (UMP), le rapporteur du texte.

« 2025, c’est demain », a souligné l’élu de l’Eure. « Si le gouvernement maintient sa position, je lui demanderai de prendre ses responsabilités et de nous dire quels réacteurs, sur quels critères, et où veut-il fermer ».

Mais la ministre de l’Écologie, Ségolène Royal, ne désespère pas « de revenir au texte initial qui a déjà fait l’objet de nombreux débats ».

« Je vais écouter les arguments, et je m’accorde toujours une marge d’adaptation par rapport au débat parlementaire », avait-elle dit en indiquant qu’elle allait « continuer dans la co-construction de la solution du meilleur mix énergétique pour la France ».

« Le texte, qui sera présenté au vote des sénateurs, est à un tel point vidé de ses principales avancées, qu’il se révèle pour moi inacceptable », a déclaré de son côté le président de la commission du Développement durable de l’Assemblée, Jean-Paul Chanteguet (PS).

Parallèlement, la commission des Affaires économiques a préconisé le relèvement du plafonnement de la capacité de production du nucléaire à 64,85 GW au lieu de 63,2 GW prévus dans le texte de loi, afin que la mise en service de l’EPR de Flamanville (Manche) ne se traduise pas, dès 2017, par l’arrêt de deux réacteurs supplémentaires.

En ce qui concerne les bâtiments, alors que le texte prévoit une isolation par l’extérieur, les sénateurs préfèrent laisser aux maires la liberté de décider de la technique d’isolation lors d’un ravalement de façade.

La commission a par ailleurs considéré qu’il y avait un oubli dans le texte en ce qui concerne les énergies renouvelables: la biomasse, qui peut être développée sur tout le territoire.

Quant à la circulation automobile, le Sénat a accordé aux maires la possibilité d’étendre les limitations de vitesse inférieures à 50 km/h à l’ensemble des voies de la commune. Un rapport devra faire le bilan des émissions de particules fines, y compris au titre de l’abrasion, c’est-à-dire au cours des freinages.

La commission du Développement durable du Sénat propose aussi d’inscrire la définition de l’obsolescence programmée dans le code de la consommation et son contrôle par la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes). Elle entend généraliser le tri à la source des biodéchets et supprimer l’interdiction de la vaisselle jetable en imposant son tri sélectif.

© AFP

 

Un commentaire

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    • Oskar Lafontaine

    Il est clair que les sénateurs français,comme la plus grosse part de la population française d’ailleurs, sont totalement désinformés sur les réalités financières actuelles et réelles, et pas d’il y a trois ans ou plus, des coûts comparés de la production d’électricité par les renouvelables d’une part et par l’électronucléaire d’autre part.
    L’éolien et le solaire produisant l’électricité pour bien moins cher que le nucléaire, au minimum trois fois moins cher, et les risques apocalyptiques en moins, comme dans le cas de la comparaison EPR de Flamanville contre photovoltaïque en Provence, et l’avantage continue inexorablement de croître en faveur des renouvelables, il n’y a plus aucune raison, sinon l’ignorance et la force de l’habitude, de continuer à exploiter cette technologie nucléaire dépassée et ruineuse, véritable voie de garage de la production d’électricité.
    Ainsi par exemple, l’exemple des coûts comparés, nucléaire et photovoltaïque, en Gironde, du simple chantier de changement de générateurs de vapeur sur le réacteur N° 3 de la centrale du Blayais, en Gironde, et dont le coût initialement évalué par EDF à 112 millions d’euros seulement, pour une augmentation de la durée de fonctionnement de dix ans seulement, et qui va lui revenir finalement à près de 300 millions et la durée du chantier augmente de six mois, avec non production d’électricité pendant toute celle période, lieu des six mois seulement espérés au début des travaux en juillet 2014 !
    Coûts et durées de chantiers, à comparer avec ceux de la centrale solaire en construction, et sur 11 mois seulement, à Cestas, toujours en Gironde, et qui elle pourra fonctionner, dès octobre 2015, au minimum vingt ans au lieu de 10 seulement, sans aucun risque et pour bien moins cher, en coût d’investissements de départ d’abord, puis en coûts d’exploitation ensuite, pas d’uranium importé à acquérir comme combustible notamment, puisque l’utilisation du soleil est gratuite et quasiment pas de personnel non plus, nuit et jour, et personnel de haut niveau. Et il ne faudrait pas comparer un simple changement de générateurs de vapeur sur un réacteur ancien avec le coût financier total de la construction d’un réacteur de 900 MW lui-même… Il n’y a pas photo, les coûts respectifs, par mégawatt installé puis exploité, condamnent sans appel le nucléaire, en Gironde, comme ailleurs dans le sud de la France et bientôt partout.
    Les sénateurs ont encore beaucoup à apprendre sur la question électrique actualisée aux réalités financières et comptables d’aujourd’hui.