Notre-Dame-des-Landes: « avis défavorable » d’un conseil scientifique consultatif

notre-dame-des-landes

Un opposant à la construction de l'aéroport de Notre-Dame des Landes sur le site le 8 novembre 2014 © AFP/Archives Jean-Sébastien Evrard

Paris (AFP) – Le Conseil scientifique du patrimoine naturel et de la biodiversité (CSPNB), une instance consultative, a émis « un avis défavorable », dans le dossier du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes.

Le CSPNB émet « un avis défavorable à la destruction de cet ensemble très original par la réalisation de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes », dans ce texte daté du 2 février.

Ce projet « aurait un impact très important » sur certains agroécosystèmes de zones humides « en voie de disparition sur l’ensemble de l’Europe de l’Ouest, précieux par leurs fonctions écologiques et leur richesse en biodiversité », souligne le Conseil.

« C’est un avis qu’on va regarder avec intérêt puisque c’est un conseil scientifique », a-t-on indiqué lundi au ministère de l’Ecologie.

Il « ne s’inscrit pas dans une procédure particulière » et résulte d’une « autosaisine du Conseil », a-t-on ajouté, mais « fera partie des points qui seront regardés par les services ».

Pour le Conseil, « les possibilités de compensation à l’identique (des agrosystèmes) apparaissent très restreintes », souligne le Conseil.

« La compensation à la destruction de ces zones humides serait très problématique dans le contexte actuel d’intensification agricole et de changement climatique », explique le Conseil.

« Les propositions du dossier ne permettraient pas d’atteindre les critères fixés par le code de l’environnement et les dispositions du SDAGE (schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux) de Loire-Bretagne », ajoute-t-il.

Par ailleurs, « les agriculteurs eux-mêmes sont très réservés par rapport à des mesures compensatoires d’extension de pratiques agricoles dans les territoires voisins, qu’ils considèreraient comme une +double peine+ par rapport à leur activité. La mise en œuvre effective de telles mesures compensatoires par la profession agricole serait donc loin d’être assurée », relève le CSPNB.

Le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes fait l’objet depuis le début des années 2000 d’une intense bataille juridique de la part de ses opposants qui ont jusqu’à présent perdu toutes leurs actions en justice.

Le projet est suspendu à l’épuisement de  ces recours. Il est source de tensions entre l’exécutif et les écologistes depuis le début du quinquennat de François Hollande.

Le CSPNB a « une fonction de veille, de conseil, d’alerte et de réflexion prospective sur l’ensemble des questions scientifiques concernant le patrimoine naturel terrestre et aquatique (eaux douces ou marines), qu’il s’agisse de paysages, d’écosystèmes, d’espèces ou de génomes », selon son arrêté de création daté du du 26 mars 2004.

Il « émet des avis scientifiques destinés à éclairer les choix politiques », selon le même arrêté.

© AFP

 

3 commentaires

Ecrire un commentaire

    • Oskar Lafontaine

    L’aspect environnemental de la question, zone humide à protéger, bétonnisation des sols à limiter
    n’est qu’un aspect, certes très important du problème, et il vient d’être tranché, l’aspect économique penche lui aussi, et sans appel du même côté du rejet. Ce projet d’aéroport n’est pas économiquement viable, et la technologie aéronautique progressant, il perd chaque année un peu plus de ses justifications commerciales et financières , déjà tirées par les cheveux.depuis le début.
    Il est paradoxale que ce soit le mouvement écologique, qui a les pieds sur terre lui au moins, et non les milieux économiques englués dans leurs délires de béton, qui doive défende le bon sens et les réalités comptables et financières.

  • bravo a vous oskar Lafontaine ! je suis complétement en accord avec vous

    • Marc Gillet

    Il faudrait aussi prendre en compte l’effet désastreux d’un nouvel aéroport sur les émissions de gaz à effet de serre. L’accroissement des capacités aéroportuaires est nécessaire à l’augmentation du trafic aérien, qui représente aujourd’hui déjà près de 5% de l’effet des activités humaines sur le climat. Les tentatives de taxation du kérosène par les États ayant échoué jusqu’à présent, ne pourrait-on pas freiner l’augmentation de ce trafic en ralentissant les équipements en aéroports?