Climat: à Genève, les Etats appelés à oeuvrer « urgemment »

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Le péruvien Manuel Pulgar Vidal le 1er février 2014 à Lima © AFP/Archives Cris Bouroncle

Genève (AFP) – Les négociateurs du climat se sont retrouvés dimanche à Genève pour une semaine de travail autour du texte du futur accord de Paris, le président des négociations les exhortant à travailler efficacement, avec « le sens du compromis et de l’urgence ».

Première réunion formelle depuis deux mois, ces discussions, sous l’égide de l’ONU, visent à aboutir en décembre à l’accord le plus ambitieux jamais signé pour lutter contre le réchauffement climatique, entente universelle devant prendre le relais du protocole de Kyoto pour l’après-2020.

« Nous devons travailler avec un sens encore plus aigu de l’urgence », a lancé lors de la séance d’ouverture le péruvien Manuel Pulgar Vidal, rappelant les avertissements contenus dans le dernier rapport des scientifiques du climat (Giec) et mentionnant que l’année passée fut la plus chaude jamais enregistrée sur Terre.

« Je vous demande de travailler avec efficacité, et le sens du compromis. Je vous demande de trouver des solutions novatrices, le temps est compté, chaque jour doit être un succès. Ce n’est pas une compétition entre nous », a déclaré le ministre de l’Environnement du Pérou aux représentants des 195 Etats, toujours divisés sur plusieurs points clés.

L’objectif est connu: il faut limiter la hausse de la température mondiale à +2°C par rapport à l’ère pré-industrielle, faute de quoi la science prévoit un dérèglement climatique lourd de conséquences sur les écosystèmes, les sociétés et les économies, en particulier des régions les plus pauvres.

Or, au rythme actuel, le monde file vers +4 à 5°C à la fin du siècle si aucune mesure draconienne n’est prise pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, liées notamment à l’usage massif d’énergies fossiles.

« Il faut qu’on arrive à lutter contre ce dérèglement climatique à la fois pour des raisons environnementales, pour des raisons de capacité de vivre mais aussi pour des raisons de santé et de sécurité », a affirmé le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, venu pour « faire le point sur les négociations ».

« Si vous avez un dérèglement climatique, toute la sécurité mondiale est déréglée: l’immigration, le fait que l’on se bat pour des ressources, que ce soit pour du pétrole ou de l’eau », a-t-il prévenu.

Mais les pays restent très divisés sur les moyens à mettre en oeuvre, comme le reflète le brouillon d’accord de 37 pages qui doit être étudié cette semaine, et qui propose tout un éventail d’options.

Les premiers résultats ne vont « pas se faire en un jour. Il va y avoir des itérations successives, mais nous espérons que grâce au travail des uns et des autres, au mois d’octobre (…) nous aurons un bon texte qui nous permettra d’aborder la COP21 de Paris dans un excellent climat pour obtenir un succès », a ajouté M. Fabius.

« La session de Genève est la seule session de négociation d’ici mai; son objectif est de (…) présenter vendredi (13 février) à 18H00 le texte de négociation de l’accord de Paris sur le climat », a insisté l’Américain Daniel Reifsnyder, qui co-présidera les débats de la semaine avec l’Algérien Ahmed Djoghlaf. Mais le texte devra avant toute chose « refléter les positions de toutes les parties ».

Et nombreuses sont encore les questions non résolues.

Comment répartir la charge des réductions d’émissions entre pays du Nord et pays du Sud, nations vulnérables, moins préparées, en demande d’énergie? Quelle place réserver aux grands pays émergents: Chine, Inde…?

Les pays en développement attendent des développés qu’ils mobilisent les fonds promis pour les mesures d’adaptation et de lutte contre le réchauffement climatique (100 milliards de dollars annuels d’ici 2020).

Dimanche, l’Afrique du Sud, au nom d’un très large ensemble de pays émergents et en développement, en a appelé à la bonne volonté – notamment des pays riches, appelés à préciser comment ils comptent tenir leur promesse financière.

« On nous a demandé de faire tellement, en tant que tout premiers pays à supporter les impacts du changement climatique, et nous avons fait tant de concessions dans ces négociations au cours des années. Le groupe attend de voir ce que nos partenaires sont prêts à mettre sur la table », a déclaré la représentante sud-africaine Nozipho Mxakato-Diseko.

Parallèlement aux négociations, les Etats sont invités à communiquer au cours de l’année leurs engagements en matière de coupes dans leurs émissions. Inconnue du futur accord: quel mécanisme de révision et de progression pour ces engagements, à ce stade insuffisants, pour tenir la trajectoire des 2°C?

Et puis quelle forme juridique donner à la future entente de Paris? Et quelle action nouvelle pour la période 2015-2020, que les scientifiques considèrent comme critique?

© AFP

Un commentaire

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  • Bonjour, Lire que monsieur Fabius se pré-occupe de l’avenir des populations en terme sécuritaire et environnemental, me fait sourire (malheureusement) doucement. Ceci après l’avoir alerté lorsqu’il était aux commandes du gouvernement en son temps. Déjà, je mentionnais les déchêts plastic dans les océans Atlantique et Pacifique. ( Qu’on se rassure, aujourd’hui l’attitude est toujours la même de la part de UE, l’ONU et les gouvernants français actuels. Motif : çà se passe en dehors des eaux terrotoriales? Donc, on ne peut rien faire.)
    Ces réunions très sérieuses et ponctuelles (tous les ans ou deux) ne servent qu’à faire des agapes aux frais des pays organisateurs. Et à nos frais. Quant à en attendre UNE ACTION ? Personne ne répond à l’appel.

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