Paris (AFP) – Le phénomène climatique La Niña, qui provoque périodiquement sécheresses et orages dévastateurs, sera probablement plus fréquent et plus violent au XXIe siècle à cause du réchauffement climatique, indique une étude publiée lundi.
Les épisodes exceptionnellement sévères comme celui qui avait fait des milliers de morts et des millions de déplacés en 1998-99, seront presque deux fois plus fréquents au XXIe siècle qu’au XXe, indiquent les auteurs de l’étude parue dans la revue Nature Climate Change.
Les chercheurs ont basé leurs calculs sur le scénario le plus pessimiste en matière de réchauffement climatique, prévoyant la poursuite des émissions de gaz à effet de serre au rythme actuel.
Selon le Groupe intergouvernemental d’experts du climat (Giec), un tel scénario aboutirait à une hausse de 3,7 degrés d’ici à la fin du siècle. La conférence de Paris sur le climat, fin décembre, s’est fixé pour objectif de limiter cette hausse à 2 degrés par rapport à l’ère pré-industrielle.
Selon cette nouvelle étude, si les émissions de gaz à effet de serre ne diminuent pas, un phénomène La Niña « extrême » se produira en moyenne tous les 13 ans (une fois tous les 23 ans au cours du siècle actuel).
« Cela signifie davantage d’événements météorologiques dévastateurs et plus fréquemment des changements d’un extrême à l’autre, d’une année sur l’autre, avec de profondes conséquences socio-économiques », soulignent les chercheurs.
La Niña intervient parfois l’année suivant un épisode extrême d’El Niño, qui pourrait aussi de son côté devenir plus récurrent et plus violent.
Au contraire d’El Niño, elle se caractérise par des températures de surface froides dans la partie centre-est de l’océan Pacifique, et par une différence plus grande avec la température de la terre dans des pays du Pacifique ouest comme l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines, Singapour, le Bangladesh et le Vietnam.
Le contraste entre les températures de l’eau et de la terre, qui pourrait augmenter avec le réchauffement climatique, a une influence sur le flux d’air atmosphérique et les précipitations — une différence plus forte entraîne plus de précipitations dans les pays du Pacifique ouest et un temps plus sec pour les Amériques, écrivent les auteurs.
Le phénomène La Niña exceptionnel de 1998-99, qui avait suivi un El Niño exceptionnel en 1997-98, avait transformé les sécheresses en inondations dans les pays du Pacifique ouest, et le temps humide en grave sécheresse dans le sud-ouest des Etats-Unis.
« En moyenne, pour la période 2000-2099, nous devrions avoir huit » épisodes extrêmes de La Niña, a expliqué à l’AFP Cai Wenju, de la Ocean University of China, co-auteur de cette étude réalisée à l’aide de 21 modèles climatiques.
© AFP
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jipebe29
Avant de faire des prophéties hypothétiques, il faudrait connaître les causes d’El Nino, non pas avec des téléconnexions statistiques erronées, mais avec l’analyse de la dynamique des échanges d’air et d’énergie. Les causes en sont les températures particulièrement froides du pôle nord à l’automne ou au début de l’hiver, qui génèrent des anticyclones mobiles polaires de trajectoires asiatiques, puissants et fréquents, lesquels créent un contre-courant équatorial d’ouest en est, décalé vers le sud, qui ramène de l’eau chaude sur la côte occidentale du Pérou, pauvre en nutriments, pour le plus grand malheur des pêcheurs péruviens. Quand l’action d’El Nino se termine, les alizés engendrent deux courants Nord et Sud équatoriaux. Canalisé par le relief des Andes, l’alizé crée un intense upwelling côtier au Nord du Pérou qui ramène en surface des eaux froides riches en nutriments et en gaz carbonique, et les poissons reviennent….C’est la Nina, bénie par les pêcheurs péruviens… Donc cette étude a tout faux : si par hasard il y avait un RC significatif, avec réchauffement du pôle nord, il y aurait moins d’El Nino, donc un régime quasi permanent et modéré de La Nina, ce qui serait bénéfique pour les péruviens…