LGV Lyon-Turin: les écologistes se dressent contre le tunnel ferroviaire

LGV Lyon-Turin

Manifestation d'opposants au projet de ligne à grande vitesse (LGV) Lyon-Turin, face au Palais de Justice de Chambéry, dans le sud-est de la France, le 11 juillet 2014 © AFP/Archives Philippe Desmazes

Paris (AFP) – La secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts Emmanuelle Cosse a souhaité lundi avec plusieurs élus « rappeler à l’ordre nos dirigeants » sur le projet de ligne à grande vitesse (LGV) Lyon-Turin, estimant que « d’autres solutions sont possibles sur le fret ferroviaire dans la zone des Alpes ».

La dirigeante d’EELV a exprimé, lors d’une conférence de presse, sa vive inquiétude sur ce projet passant par la construction d’un tunnel transalpin de 57 km pour 8,5 milliards d’euros, financé à 40% par l’Union européenne, soit 3,4 milliards, l’Italie prenant en charge 2,9 milliards et la France 2,2.

Ces dirigeants « aiment bien brandir les grandes infrastructures pour montrer que cela avance, mais il faut aussi entendre que, parfois, une grande infrastructure n’est pas la meilleure réponse au problème de la pollution et du trafic routier dans cette zone des Alpes », a souligné la responsable d’EELV.

« En disant qu’on fera le Lyon-Turin à tout prix, on met tout l’argent pour cette infrastructure et on ne permet pas de travailler sur le contournement ferroviaire de Lyon (…) sur des lignes ferroviaires existantes qu’il faut réhabiliter et on ne permet pas de s’interroger vraiment de la desserte de la zone… C’est tout cela qui ne va pas », a ajouté Emmanuelle Cosse.

« D’autres solutions sont possibles sur le fret ferroviaire dans la zone des Alpes » et il faut s’inspirer de la Suisse et de l’Autriche, où « ils ont réutilisé des lignes anciennes », a relevé la dirigeante d’EELV.

La députée européenne écologiste Michèle Rivasi a aussi mis en garde contre une spirale des coûts, observant qu' »un tunnel équivalent » à celui prévu pour le Lyon-Turin vient de s’achever en Suisse, le Saint-Gothard, et que son coût atteint déjà 10,5 milliards d’euros.

Elle a d’autre part relevé qu’il existait « à côté » un autre tunnel, celui du Mont-Cenis, « est utilisé à 20% de ses capacités » sur le ferroutage. « Comment, s’est-elle indignée, peut-on justifier de percer ce tunnel (pour le Lyon-Turin) alors qu’on a un tunnel existant qui est utilisé en sous-capacité? »

« Il y a du boulot au niveau de l’Europe pour faire bloquer ce dossier », a conclu l’eurodéputée.

« Il faut rouvrir la discussion sur le Lyon-Turin, même au niveau européen (…) On peut faire autre chose que le tunnel », a renchéri Monica Frassoni, coprésidente du Parti vert européen.

En cette « année très particulière » qui verra la conférence sur le climat à Paris, « cela doit interroger notre pays sur ses choix politiques quand il fait des infrastructures. Est-ce qu’il fait toujours les bons choix? Est-ce qu’il a vraiment essayé de mettre en oeuvre de la démocratie? », a demandé Mme Cosse.

Dans un communiqué, le président de la Région Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne, a regretté pour sa part « le revirement » d’EELV sur le Lyon-Turin « comme la majorité des rhônalpins ».

« Etre écologiste, c’est vouloir réduire la pollution atmosphérique liée au trafic routier en mettant les camions sur des trains », a-t-il déclaré en assurant que les vallées alpines souffraient « d’un trafic trop important ».

« Madame Rivasi, qui est si sensible aux conséquences pour la santé humaine de ce trafic sans cesse croissant, a-t-elle interrogé les habitants les plus sévèrement touchés par ces pics de pollution ? », a interrogé M. Queyranne en soulignant qu’il s’agissait « aujourd’hui d’un problème de santé publique dont l’impact est avéré ».

« En s’opposant au Lyon-Turin, les écologistes ont tourné casaque. Ils étaient les verts, fervents défenseurs de l’environnement. Ils vont devenir gris de pollution », a-t-il conclu ».

© AFP

3 commentaires

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    • Oskar Lafontaine

    Au plan de l’analyse micro- économique il n’y a aucune différence entre ce projet de tunnel ferroviaire Turin-Lyon et le projet de barrage de Sievens. Même si les sommes en cause sont très différentes. Il s’agit en effet , et dans les deux cas, d’opérations économiques non rentables, et dont la non-rentabilité est connue dès le départ, et donc projets financés à fonds perdus. Et les emprunts contractés pour les réaliser, quelques soient les personnes, morales à priori, qui les souscriront, Etat, Régions, Sociétés diverses publiques ou privées, iront grossir le montant astronomique des dettes publiques ou privées déjà accumulées, et en pratique devenues non remboursables…,et qui, mathématiquement, le resteront !
    Car toutes ces « personnes morales » ne pourront jamais rentrer dans leurs fonds par l’exploitation commerciale qui sera faite, travaux terminés, des ouvrages en question. Ce qui est parfaitement connu depuis le début, éternel problème du serpent qui se mord la queue.
    La justification, en tout état de cause, « tirée par les cheveux » de ces travaux à fonds perdus n’existe tout simplement pas au plan rationnel, comme pour ces lignes de TGV lancées en construction alors que le calcul économique, même simplement bancaire de base, les déclare d’emblée non rentables, et leurs promoteurs, trop optimistes, ou même inconscients.
    Seule une analyse macro-économique, sinon même historique, constitue alors une approche de prétexte, mais ne résout pas la question micro-économique pour autant.Donc des dettes vont s’accumuler, et s’accumulent ce que chacun peut savoir aujourd’hui en lisant la presse et s’il comprend ce qu’il lit, ce qui devient rare. Ces projets en effet sont présentés comme « socialement utiles » puisque créant de l’activité économique, donc de l’emploi pour un résultat de facilitation des liaisons, de temps gagné sur les trajets, ou même de moindre pollution, visuelle, sonore, de sécurité ou d’énergie moins gaspillée.
    Ces projets, au plan macro-économique, relèvent d’une analyse typiquement keynésienne. Or, et depuis plus de trente années maintenant, en parallèle avec le développement de la mondialisation, le keynésianisme s’est heurté à un mur, celui de la dette, à cause précisément de projets non rentables d’une part et du problème monétaire, de sorties de capitaux, problème à ce jour toujours non résolu, d’autre part.
    Et qui se résume simplement, les salaires versés, vont en partie alimenter la dette extérieure, soit le déficit, par des achats de biens et services, grâce aux salaires, dans une autre zone économique. Ainsi les téléviseurs, ordinateurs etc.achetés en Chine, ou ailleurs, vont grossir la dette extérieure, avec une partie de l’argent des salaires versés aux ouvriers qui ont construit ces ouvrages non rentables.
    La création de l’Euro visait déjà aussi, à trouver une solution monétaire, à ce problème financier de vases communicants.
    Ce n’est pas que la solution par l’euro, soit une monnaie sur une plus vaste zone, ne soit pas mathématiquement satisfaisante en elle-même, ainsi que trop d’incompétents l’affirment du haut de leur suffisance, c’est plutôt que la zone couverte est, toujours, avec la mondialisation qui s’amplifie, trop étriquée. En fait il faudrait une monnaie mondiale, et comme on n’y est pas encore parvenu, problème politique, on a recours à des artifices financiers, du niveau d’un spectacle de prestidigitateur, comme le QE. (Quantitative Easing), mais qui peuvent « marcher », en partie au moins, faire illusion.
    Les écologistes, par leur opposition à des projets perturbateurs de l’environnement, de l’équilibre biologique, et donc aussi de la santé humaine, du cadre de vie, comme enfin leur activité de défense de la biodiversité, en viennent ainsi à rejoindre la critique économique classique et traditionnelle, celle du banquier de ville de province, basée sur le gros bon sens et selon laquelle on ne peut tout simplement pas, dépenser plus que ce que l’on a en poche. Seulement les magiciens de la finance, dans les banques centrales, au FMI et autres lieux secrets où l’on « pense », nous ont habitués aux tours de passe-passe monétaire, et l’homme est ainsi fait qu’il croît spontanément aux miracles. Les philosophes nous l’ont déjà dit, Schopenhauer, Nietzsche, comme la vieille sagesse venue d’Asie, nous vivons dans un monde d’illusions. Les écologistes, éternels Cassandres, nous préviennent ainsi, que la dure réalité, parfois nous tombe dessus, et qu’on peut même en mourir. Comme le petit enfant de la fable des habits neufs du Roi, ils constatent, et nous disent, que le Roi est nu.

    • chaumien

    Nos théoriciens utopiques s’en donnent à coeur joie quandil n’y a personne de sensé pour les rappeler à la réalité.Arrêtons de déporter et différer les problèmes, la postérité nous maudira parce qu’elle souffrira. Essayons de réfléchir !

  • Emmanuelle Cosse devrait citer ces « lignes anciennes réutilisées » en Suisse pour le transit du fret ferroviaire : la politique ferroviaire suisse se caractérise au contraire par le percement de deux longs tunnels de base, le Lötschberg et le Gothard, financés par le produit de la redevance routière dite RPLP.
    Quant à Michèle Rivasi, elle affirme que le tunnel ferroviaire du Mont-Cenis est situé « à côté » du futur tunnel de base Saint-Jean-de-Maurienne – Suse : ce tunnel situé sur la ligne historique existante n’est pas situé « à côté » mais 700 mètres au-dessus du futur tunnel de base.
    La ligne existante est certes peu utilisée aujourd’hui. Mais l’exploitation de cette ligne de montagne est très coûteuse. Elle ne sera jamais saturée : elle est en effet à un tunnel de base culminant à 600 m d’altitude ce que la RN 6, qui passe par le col du Mont-Cenis, est au tunnel du Fréjus et à ses autoroutes d’accès.
    L’exemple du tunnel suisse du Lötschberg confirme l’intérêt d’un tunnel de base : 4 ans après sa mise en service, le trafic annuel de fret y est passé de 3,8 à 11,3 millions de tonnes.

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