Toulouse (AFP) – La ministre de l’Ecologie Ségolène Royal a écarté vendredi le projet de barrage sur le site de Sivens (Tarn), où est mort fin octobre Rémi Fraisse, mais les alternatives proposées ne satisfont personne.
« La réalisation du projet initial n’est (…) plus d’actualité », a tranché Mme Royal, enterrant ainsi définitivement un barrage qui suscite la controverse depuis des années.
Le communiqué de la ministre a suivi de peu la publication d’un rapport des experts qu’elle avait mandatés en novembre pour tenter de trouver un compromis entre pro et antibarrage.
Dans ce rapport, les experts jugent que « le projet initial de barrage à Sivens … n’apparaît pas comme une solution adaptée ».
Après des mois de discussions, les experts listent deux « solutions intéressantes ».
La première envisage « un réservoir réduit sur le site de Sivens, de préférence celui situé 330 m en amont du projet initial, épargnant plus de la moitié de la zone humide impactée par le projet initial ». Cette zone humide, dite du Testet, a été détruite dès septembre par l’avancement du chantier. Elle abritait de multiples espèces sauvegardées.
Le deuxième scénario est « une alternative » comprenant un ensemble de trois retenues latérales ou collinaires, une à Sivens, et deux autres non loin.
Le président du conseil général, le socialiste Thierry Carcenac, « m’a fait part de son intérêt pour ces nouveaux projets… et m’a indiqué sa volonté d’organiser un débat dès la prochaine session de l’assemblée départementale sur la base de ces deux scénarios », indique Mme Royal dans son communiqué. La prochaine session du Conseil est programmée pour la fin janvier.
L’abandon du barrage a été vivement critiqué par les partisans du projet, qui l’estiment nécessaire pour irriguer les terres agricoles alentour.
« Rayer d’un trait de plume le projet pose des soucis: qui va payer les entreprises contractées? Et ça veut dire qu’on est reparti pour quatre ou huit ans d’études, sans aucune garantie qu’il n’y ait pas encore une fois des zadistes » sur le site du nouveau projet, juge Philippe Jougla, président de la FDSEA du Tarn, le syndicat agricole majoritaire grand défenseur du barrage.
Se disant « très suspicieux vis-à-vis des experts », M. Jougla continue à favoriser « un ouvrage à l’identique » avec pour seule transformation une réduction du volume d’eau alloué à l’irrigation. Il se dit cependant prêt à soutenir un projet de barrage « réduit », mais toujours à Sivens, c’est-à-dire avec un volume d’eau d’1 million m3, au lieu d’1,5 million comme initialement prévu.
Ce scénario a également les faveurs de la Chambre d’agriculture du Tarn.
Quant aux opposants au barrage, s’ils se disent « satisfaits » que le projet initial soit « abandonné », ils refusent d’apporter « pour l’instant » leur soutien à l’alternative consistant à construire d’autres retenues.
« Nous demandons de nouvelles études et nous estimons qu’il sera démontré qu’aucun ouvrage ne sera nécessaire », a déclaré à l’AFP Ben Lefetey, porte-parole du Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet.
Les antibarrage estiment que les besoins en irrigation peuvent être satisfaits en utilisant les retenues collinaires existantes, des ouvrages de stockage d’eau construits par les agriculteurs eux-mêmes, et remplis par les eaux de ruissellement ou de pompage.
S’il est prouvé que les besoins en eau ne peuvent pas être satisfaits par les retenues déjà construites, « alors, il faudra discuter d’un possible ouvrage ». « Mais il faudra que ce soit le moins impactant pour l’environnement. Sinon, nous nous réservons le droit d’utiliser des recours en justice », a-t-il souligné.
© AFP
4 commentaires
Ecrire un commentaire
chaumien
apprenons à cultiver avec la nature, ellelle sera généreuse; plutôt que de détruire l’environnement
inutilement, sans résultats et à quel prix! nous sommes des ignorants qui écoutent les théoriciens! Après eux la fin du monde;
Le blog d'une gobelalune
[…] Barrage de Sivens : le projet enterré, les alternatives ne satisfont personne […]
Oskar Lafontaine
En tout état de cause jamais l’augmentation espérée des récoltes de maïs par l’irrigation qu’un ouvrage rendrait possible, ne suffirait à couvrir les frais de la construction du barrage, ni même ceux du simple entretien annuel, ainsi que d’autres ouvrages de même type déjà construits dans ce même département, l’ont déjà amplement démontré depuis des années.
Par ailleurs et plus fondamentalement, le maïs ainsi produit devait servir à l’alimentation animale, à l’élevage. Or en France, comme en Europe, la consommation de viande est en recul. Quelle est donc l’utilité de produire plus de maïs ? De plus les ruminants rejettent naturellement du méthane, très puissant gaz à effet de serre, dont il convient de combattre les rejets, notamment en limitant l’élevage, et pas en le facilitant par ce projet anti-économique, anti-écologique et absurde de barrage de la honte et du mépris des réalités.
Dentderez
Je regrette que lorsqu’il,s’agit d’un projet professionnel, ce ne soit pas des professionnels et ceux qui financent qui décident. Quant aux dégâts sur la nature la loi prévoit des mesures compensatoires. Quant au coût, il est élevé, mais ovoit bien que ce barrage sera un jour ou l’autre utilisé pour abreuver les humains , c,est ce qui se passe chez nous !