Climat: la bataille se poursuit à Lima au dernier jour des négociations

Lima (AFP) – La bataille pour arrêter des règles communes sur les engagements àClim réduire les émissions de gaz à effet de serre se poursuivait vendredi à Lima au dernier jour de deux semaines de négociations marathon sur le climat.

En dépit de l’arrivée de ministres depuis mardi, peu d’avancées ont été obtenues sur le texte des « contributions nationales » que les pays devront annoncer courant 2015 pour agir sur leurs émissions, principalement de CO2.

Jeudi soir, face à une situation de blocage, le ministre péruvien de l’Environnement, Manuel Pulgar Vidal, qui préside cette conférence de l’ONU sur le climat, a demandé aux deux co-présidents de rédiger une nouvelle version du texte « reflétant les vues de toutes les parties ».

Les négociateurs devaient plancher dessus dans la nuit de jeudi à vendredi pour espérer une adoption, qui doit se faire par consensus, d’ici vendredi soir.

Sur les « contributions nationales », une décision doit être entérinée à Lima, faute de quoi cette 20e conférence des parties (COP) n’aura pas tenu ses promesses.

Car en l’absence de règles communes, il ne sera pas possible d’évaluer les efforts que chaque pays s’engage à réaliser et de mesurer l’ambition globale par rapport à l’objectif global de limiter la hausse de la température de la planète à 2°C. Une perspective qui présagerait à Paris d’un accord au rabais.

Pour arriver à tenir l’objectif de 2°C que s’est fixé la communauté internationale, il faut réduire d’ici 2050 les émissions mondiales de gaz à effet de 40 à 70%, selon le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec).

Fin 2015 à Paris, les 195 pays membres de la Convention de l’Onu sur le climat doivent conclure un accord cohérent avec le seuil de 2°C. D’ici là, ils doivent annoncer courant 2015 leurs objectifs de réduction et la manière de les atteindre.

Quelle année de référence? Un engagement jusqu’en 2025 ou 2030? Quelle politique sectorielle? Quand en 2015 les pays s’engagent à soumettre leurs objectifs au secrétariat de la Convention de l’Onu sur le climat? Comment se fera l’évaluation? Les actions d’adaptation pourront-elles faire partie des contributions, comme le demandent les pays en voie de développement? Le Nord doit-il accepter de s’engager sur des financements après 2020, date d’entrée en vigueur du futur accord?

Ces questions qui visent à définir des règles communes restent à trancher malgré 10 jours de discussions.

La question de l’équité – sur quel critère un engagement sera jugé à la hauteur des capacités du pays, les pays du Nord doivent-ils faire plus ? – et celle de l’aide financière aux pays du Sud, pour réduire leurs émissions et pour s’adapter au changement climatique, ont beaucoup accaparé les débats, selon plusieurs observateurs.

« Les financements sont une grosse pièce du puzzle et pourraient changer le cadre général » des discussions, a confié Rahman Mehta de l’ONG indienne Vasudha Foundation, membre du Climate action network, dans une conférence de presse.

Les pays en voie de développement demandent plus de visibilité sur la manière de tenir la promesse que le Nord a faite en 2009 d’atteindre 100 milliards de dollars d’aide annuelle en 2020. Les canaux de financement pour parvenir à ce montant restent flous, même si la capitalisation pour le Fonds vert pour 2015-2018 a désormais dépassé les 10 milliards de dollars.

Les pays du Sud lient le sujet des financements à celui posé par l’évaluation des contributions.

En l’absence « du soutien financier nécessaire » pour pouvoir réaliser leur engagement, « beaucoup de pays ne sont pas prêts à accepter que leurs engagements soient passés à la loupe », a expliqué Rahman Mehta.

D’autres pays comme la Chine, qui s’est récemment engagée à plafonner ces émissions d’ici 2030, n’y sont pas favorables par principe.

Jeudi, le secrétaire d’Etat John Kerry, lors d’une visite éclair à Lima, a rappelé que « si seulement une ou deux économies majeures échouaient à répondre à cette menace (du réchauffement), cela contrebalancerait une bonne partie du bon travail fait par le reste du monde ».

© AFP

4 commentaires

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  • […] Lima (AFP) – La bataille pour arrêter des règles communes sur les engagements àClim réduire les émissions de gaz à effet de serre se poursuivait vendredi à Lima au dernier jour de deux semaines de négociations marathon sur le climat.En dépit de l’arrivée de ministres depuis mardi, peu d’avancées ont été obtenues sur le texte des « contributions nationales » que les pays devront annoncer courant 2015 pour agir sur leurs émissions, principalement de CO2.Jeudi soir, face à une situation de blocage, le ministre péruvien de l’Environnement, Manuel Pulgar Vidal, qui préside cette conférence de l’ONU sur le climat, a demandé aux deux co-présidents de rédiger une nouvelle version du texte « reflétant les vues de toutes les parties ».  […]

  • […] Lima (AFP) – La bataille pour arrêter des règles communes sur les engagements àClim réduire les émissions de gaz à effet de serre se poursuivait vendredi à Lima au dernier jour de deux semaines de négociations marathon sur le climat.  […]

    • Vadrot claude-Marie

    Vu depuis Lima
    VENDREDI SOIR

    Lima : la fin approche. Celle des négociations mais aussi celle de la planète
    Jean Jouzel est pessimiste…
    A quelques heures de la fin des négociations dans lesquelles sont engagés les ministres après des jours de discussions de marchands de tapis entre les diplomates, il est difficile d’être optimiste en dépit des affirmations des uns et des autres. Les négociateurs confondant plus que jamais leur satisfaction d’avoir réuni leurs contradictions dans un texte immense avec une avancée pour l’avenir de la planète. Le fossé entre les réalités vécues par des dizaines de millions d’habitants de la planète, le fossé entre les angoisses des pays du Sud et les certitudes nations industrialisées soucieuses de préserver leurs économies, ne se comblent pas. Les égoïsmes ont d’autant la vie plus la vie dure que les milieux industriels continuent ici à faire pression pour que le maximum de décisions relève de la bonne volonté des gouvernements plus que d’accords contraignants. C’est ce qui apparait à la lecture des dizaines de pages (37) du dernier texte laborieusement mis au point en une dizaine de jours et réduite au cours de la nuit de jeudi à vendredi à 7 pages, sans qu’il soit ou plus fort ou moins contradictoire dans ses prudences. En fait, il a été rédigé pour plaire à tout le monde. Sauf évidemment à la planète…
    Sans modifications substantielles de dernière heure, la planète continuera à chauffer sérieusement et, comme à Copenhague et dans les réunions suivantes, les experts du GIEC, n’auront guère été entendus en dépit de la force de leurs derniers avertissements. Aucun responsable, sauf les représentants désespérés des petits pays, ne semble s’être aperçu que l’année 2014 aura été la plus chaude sur la planète depuis que les relevés météo existent. Mais il est vrai que toutes les salles de réunion de la conférence sont climatisées par d’énormes machines dévorant chaque heure des tonnes de combustibles fossiles et que les négociateurs ignorent, par exemple, dans quelles situations tragiques (pour ne parler que du Pérou) se trouvent aujourd’hui des Indiens et des agriculteurs de plus en plus privés d’eau par les modifications climatiques déjà en cours et par les exploitations agricoles intensives tournées vers l’exportation. Il est vrai que les « costards-cravates » gris ou noirs ne se sont pas précipités le long de la Marche des Peuples, pour y découvrir leurs revendications. De toute façon, contrairement aux réunions des années précédente, nul ne sait trop où ils sont : les orateurs, y compris les plus connus, ont souvent pris la parole devant des salles à moitié vides. Comme si tout le monde savait que la conférence ne servait pas à grand-chose.
    Présent à Lima depuis quelques jours, Le vice-président du GIEC Jean Jouzel s’efforce à l’optimisme, mais avoue « que les négociations sont d’une désespérante lenteur alors qu’il faut faire très vite pour commencer à quitter une société basée sur l’exploitation des énergies fossiles. Beaucoup reste à faire pour changer les choses d’ici à 2020 mais de toute évidence, l’ambition de réussir n’est pas encore là ». Jean Jouzel, qui quittera (1) ses fonctions au mois d’octobre 2015, avant la prochaine réunion de Paris ajoute en soupirant : « la dynamique que les scientifiques souhaitent depuis des années, n’est pas encore perceptible». Comme quelques autres spécialistes du climat présents à la conférence, il a le sentiment de n’être ni entendu ni pris au sérieux alors que leur dernier rapport est encore plus alarmant que les précédents. Ils ont l’impression, sinon la certitude que la prolongation possible des discussions prévisibles pour la journée de samedi, n’apportera pas d’améliorations sensibles au texte actuellement âprement discuté. D’autant plus que, pris à la gorge par des impératifs financiers, de nombreux délégués des pays du Sud auront alors quitté les salles de discussions. Laissant ainsi les pays les plus riches décider du sort de la planète. Sans avoir avancé sur ce qui devrait être obligatoire et surtout sans avoir réglé de façon suffisante l’approvisionnement du Fond Verts destinés à aider les pays les plus faibles ou les plus touchés à mettre en place de nouvelles politiques ou tout au moins à s’adapter pour faire face aux conséquences du réchauffement sur leurs terres et sur leurs population condamnés à devenir des « réfugiés climatiques » non reconnus par la communauté internationale.
    Sauf miracle de dernière heure, une fois la pendule symboliquement arrêtée, tout restera à faire dans un an. Une opportunité pour le Président français, de faire preuve de conviction s’il veut définitivement verdir son image…

    (1) Voir le portrait du scientifique français paru dans le numéro 1329 de Politis daté du 27 novembre

    • chaumien

    Pensons à la postérité qui, si nous continuons ne pourra pas vivre sans masque à oxygène.
    Si nos aïeuls avaient fait comme nous, nous ne pourrions pas vivre actuellement.