Paris (AFP) – Souvent présenté comme incontournable pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, à l’image du premier projet industriel d’envergure inauguré cet automne au Canada, le captage et le stockage du CO2 peine à se développer, faute de financements.
Capter le dioxyde de carbone produit par l’industrie (cimenteries, centrales thermiques, aciéries, etc.) et le stocker dans le sous-sol, au lieu de le laisser s’échapper dans l’atmosphère, a l’avantage de rendre plus propre l’utilisation encore massive des énergies fossiles.
Cette technologie, également appelée CCS (son acronyme anglais) pourrait permettre de réduire de 4 gigatonnes par an les émissions de CO2 dans l’industrie en 2050, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
En octobre, la société publique canadienne Saskpower a fait un grand pas en inaugurant un module de captage sur une centrale à charbon. L’objectif est de capter un million de tonnes de CO2 par an, soit l’équivalent du retrait de 250.000 voitures de la circulation.
Mais cette annonce ne doit pas masquer la réalité. Dans un récent rapport, l’AIE jugeait « incertain » l’avenir du CCS car « la technologie avance lentement à cause des coûts importants et d’un manque d’engagement politique et financier ».
Seules 13 installations importantes fonctionnent dans le monde, dont sept aux Etats-Unis, selon le Global CCS Institute, contre huit il y a deux ans. Et plusieurs projets ont été abandonnés ces dernières années.
« C’est davantage un problème de financement que de maîtrise technologique », explique à l’AFP Denis Cochet, président d’Alstom France, un des principaux promoteurs industriels du CCS.
Engagé dans plusieurs pilotes, l’industriel français a notamment lancé en juillet 2013 un test de captage à la centrale à charbon d’EDF au Havre (ouest), représentant un investissement de 22 millions d’euros.
« Si on passe à des projets de 200 mégawatts ou plus, il faut multiplier les coûts par dix ou par vingt », soit « quelques centaines de millions » d’euros pour 200 à 300 MW, souligne M. Cochet.
Au Canada, l’investissement de Saskpower a ainsi frôlé le milliard d’euros.
De son côté, le pétrolier Total a mené à bien avec l’institut de recherches énergétiques IFP EN un projet de 60 millions d’euros dans le bassin gazier de Lacq (Sud).
« On a démontré que cela fonctionnait bien pour une chaudière industrielle. Mais pour le captage, il y a une question de passage d’échelle, surtout pour le coût », confirme Denis Copin, coordinateur CCS chez Total.
Se pose aussi la question, selon lui, des capacités globales de stockage, notamment dans les nappes aquifères: elles sont importantes, mais seront-elles suffisantes?
Souvent, les pouvoirs publics préfèrent aussi favoriser les énergies renouvelables, relève François Kalaydjian, directeur adjoint Ressources à l’IFP EN, car soutenir publiquement le CCS, « c’est dire qu’ils continuent à soutenir l’utilisation du charbon. »
Un discours appuyé par de nombreuses ONG environnementales qui plaident pour la fin de l’ère des énergies fossiles. Pour Greenpeace France, le CCS fait partie des « fausses solutions technologiques » qui « sont trop chères et trop lentes à développer et créent d’autres risques pour l’homme ou l’environnement ».
Le faible coût actuel de la tonne de CO2 en Europe n’encourage pas non plus ce type de projets, même si la persistance du charbon dans la future palette énergétique de nombreux pays, en Asie notamment, continue à motiver la recherche.
Le coût du CCS « devrait se situer autour de 40 euros la tonne » de CO2, et « comparé au prix actuel de la tonne sur le marché européen du carbone (6-7 euros), il n’y a pas intérêt à le faire », souligne Denis Cochet.
Plutôt que de le stocker, certains travaillent à recycler le CO2 à des fins industrielles.
« On parle de plus en plus de CCSU (U pour utilisation) parce qu’on se rend compte que le stockage de CO2 coûte une fortune et que ce serait plus intelligent de valoriser ce CO2 », explique un autre expert de Total, actionnaire de l’entreprise Solidia, qui a développé un procédé recourant au dioxyde de carbone dans la fabrication de béton.
En Amérique du Nord, du CO2 est injecté dans des gisements de pétrole pour améliorer leur taux d’extraction, et des débouchés existent aussi dans l’industrie chimique. Mais le potentiel de ces usages serait négligeable en termes de changement climatique, estime Denis Copin.
© AFP
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jipebe29
J’ai reçu ces deux pétitions, que vous voudrez bien diffuser urbi et orbi.
« Nous avons besoin du CO2 pour vivre et émettre de l’oxygène. Si son taux diminue, nous allons nous affaiblir. Alors, vos récoltes seront très mauvaises, et vous en subirez les dures conséquences, ô vous, les humains irrationnels ».
Signé: la végétation (plantes, herbes, fleurs, arbres,…)
« Nous avons besoin du CO2 pour vivre et émettre de l’oxygène. Nous sommes la base de toute la chaîne alimentaire océanique. Sans nous, pas de zooplancton, pas de poissons dans vos assiettes, et de nombreux humains, qui en dépendent pour leur nourriture, mourront. »
Signé: le phytoplancton