Climat: Ban Ki-moon appelle les négociateurs à être à la hauteur des enjeux

Lima (AFP) – Ban Ki-moon a appelé mardi à Lima les négociateurs des 195 pays à être à la hauteur de l’enjeu que représente le réchauffement climatique, le compte à rebours pour parvenir fin 2015 à un accord ambitieux ayant commencé.

« Il y a encore une chance de rester sous le seuil des 2°C (…) mais la possibilité d’agir se réduit », a lancé le secrétaire général de l’ONU à la tribune de la 20e conférences des parties (COP) sur le climat.

La conférence de l’ONU doit permettre de poser les fondations d’un accord multilatéral suffisamment ambitieux qui serait signé fin 2015 à Paris et entrerait en vigueur en 2020.

Mais il ne reste plus que trois jours pour que Lima soit un vrai pas en avant: la première semaine, si elle a été épargnée par des blocages, n’a pas permis de combler le fossé entre pays développés, en voie de développement et émergents.

Les pourparlers pourraient toutefois s’accélérer grâce à la présence de ministres de plusieurs pays depuis mardi, à l’arrivée mercredi de Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, et à la courte visite de son homologue américain, John Kerry, annoncée pour jeudi.

Mardi, le président bolivien Evo Morales avait fait le déplacement à Lima. « Il ne peut y avoir un accord climatique qui condamne la Terre Mère et l’humanité à la mort pour favoriser le capital, l’enrichissement d’une petite partie et la croissance prédatrice », a lancé le leader bolivien.

La communauté internationale s’est donnée comme objectif de limiter à 2°C le réchauffement de la planète par rapport à l’ère pré-industrielle, un seuil au-delà duquel la science estime que les impacts seraient très graves et irréversibles et mettraient en danger de nombreuses populations.

Ces derniers mois, le climat est peu à peu revenu en haut de l’agenda politique international, les pays étant poussés par la science, la société civile et les impacts déjà constatés du réchauffement (multiplication des sécheresses, des inondations, montée du niveau des océans, etc).

La Chine et les Etats-Unis ont conclu un accord, impensable il y a quelques années, sur une réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), l’Union européenne a pris des engagements dans ce sens jusqu’en 2030 et il y a quelques jours l’Allemagne a annoncé un plan pour se détourner du charbon, l’énergie la plus polluante.

« Les gouvernements répondent (à l’urgence climatique) d’une manière inédite », a d’ailleurs estimé Ban Ki-moon, mais pour ajouter aussitôt: « Je suis très préoccupé par le fait que notre action collective n’est pas à la hauteur de nos responsabilités à tous ».

Le niveau des émissions de gaz à effet de serre, dues aux activités humaines, continue de croître chaque année et conduit la planète vers une hausse dangereuse de 4 à 5°C à la fin du siècle.

Pour éviter cette sombre perspective, deux tiers des énergies fossiles connues doivent être laissées dans le sol et des investissements à très grande échelle doivent dès maintenant être faits dans les énergies non émettrices de CO2.

A Lima, plusieurs sujets-clés continuent à diviser: le contenu des engagements que chaque pays devra prendre d’ici mi-2015 (« contributions nationales ») pour réduire les émissions de gaz à effet de serre; l’évaluation globale, avant le rendez-vous de Paris, de ces engagements par rapport à l’objectif de 2°C; les options à retenir dans le projet du futur accord, les financements Nord-Sud.

« Nous devons ici parvenir à (…) un projet de texte bien structuré et cohérent en vue de l’accord de 2015 », a souhaité le secrétaire général de l’ONU.

« Nous devons faire des progrès (…) pour consolider le système des financements climat », a aussi plaidé Ban Ki-moon.

Selon Romain Benicchio de l’ONG Oxfam, « la question des financements, à la fois dans le cadre de l’accord post-2020 et sur la période pré-2020, est en train de devenir la principale pierre d’achoppement ».

Dans ce contexte, le franchissement du seuil symbolique de 10 milliards de dollars de promesses pour le Fonds vert (pour 2015-2018) mardi grâce à l’Australie (166 millions de dollars) et à la Belgique (63 millions) a été favorablement accueilli par les pays du Sud.

© AFP

4 commentaires

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    • Oskar Lafontaine

    C’est une grande illusion que de s’imaginer que la politique, c’est-à-dire les discussions et marchandages à l’infini sur des questions techniques et scientifiques complexes qui les dépassent largement, par des gens incompétents mais que les hasards de la vie ont chargé de responsabilité sociales, puisse apporter le moindre début d’amélioration, par exemple ici, dans la baisse des rejets de gaz à effet de serre d’origine anthropique, fortement impliqués, sinon même exclusivement, dans le réchauffement climatique, et réchauffement climatique dont la réalité, de mieux en mieux mesurée, ne peut plus être niée sérieusement.
    Ainsi l’exemple de l’accord de Kyoto qui n’a rigoureusement servi à rien, et dont les objectifs irréalistes sont abandonnés depuis, n’a contribué qu’à la gloriole éphémère de politiciens-acteurs de leur propre personnage. Car la politique, c’est du spectacle.
    L’amélioration, car il y en a bien eu une finalement, a d’abord résulté, sinon exclusivement, d’évolutions technologiques, mises en application pour des raisons de prix de revient inférieur, ainsi le gaz aux USA pour produire de l’électricité, qui rejette moins de CO² que le charbon, alors même que les Etats-Unis n’étaient pas participants à cet accord de Kyoto, irréaliste et inutile en fin de compte.Plus loin dans le passé, et alors que les questions de climat n’intéressaient personne, les trains électriques et diesel, qui ont remplacé, pour des raisons économiques de coût inférieur, les trains à vapeur très gros émetteurs de CO² et gaspilleurs de charbon.
    Les énergies dites renouvelables, pour lesquelles on avait accepté, politiquement, un coût de production supérieur à celui des technologies traditionnelles, justement pour diminuer ainsi les rejets de CO², s’avèrent finalement, à l’étonnement des spécialistes eux-mêmes, plus efficaces et moins onéreuses que les produits pétroliers, le charbon et surtout que le nucléaire, cette calamité 100%, pour produire de l’électricité, donc elles se seraient mises forcément en place naturellement, et sans interventions politiques toujours discutables et à base de subventions publiques rapidement récupérées, à leur seul profit, par toute une faune d’intervenants commerciaux et industriels âpres au gain, il convient donc de les supprimer, d’autant que les subventions actuellement sont versées surtout, dans l’ignorance quasi générale des populations, et dans un rapport de 1 à 10, aux vieux procédés et technologies traditionnelles, à base de charbon, d’uranium et de produits pétroliers, gros émetteurs de CO², ou encore pire, de déchets radioactifs mortels, quasi éternels, ingérables, hors de prix et envahissants.
    Les ampoules basses consommation n’ont pas été mises au point, pour faire plaisir aux écolos et sur demandes de politiciens en mal d’électeurs, mais bien du fait des évolutions et progrès technologiques continus, qui finissent toujours par s’imposer en raison de leurs avantages intrinsèques. Les LED présentent de tels avantages, esthétiques et de volumes notamment, qu’ils se seraient forcément imposés, indépendamment de leur consommation électrique presque ridicule.

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