Center Parcs en Isère: après les « anti », les « pro » montent au créneau

Grenoble (AFP) – Après une manifestation d’opposants dimanche et l’installation de « zadistes » sur le chantier d’un futur Center Parcs à Roybon (Isère), c’est au tour des partisans de monter au créneau pour défendre ce projet controversé sur lequel plane l’ombre de Sivens et Notre-Dame-des-Landes.

Ils mettent en avant « un très bon projet pour l’économie locale » et un chantier « loin d’être une catastrophe écologique »: des riverains qui se veulent porte-parole de la majorité silencieuse ont annoncé mercredi qu’ils manifesteraient dimanche pour soutenir le projet du groupe Pierre & Vacances.

« C’est une marche pacifique », rassure Christian Luciani, président de l’association « Vivre en Chambaran ». « On n’y va pas pour se confronter aux +zadistes+ », du collectif ZAD (Zone à défendre) Roybon. Du village jusqu’au site du chantier dans la forêt de Chambaran, à quelques kilomètres au nord du plateau du Vercors, les manifestants marcheront pour se « faire entendre ».

Mardi, à rebours de bon nombre d’élus locaux, le maire EELV de Grenoble Eric Piolle et le président PS de la région Rhône-Alpes Jean-Jack Queyranne se sont opposés au projet.

Mais « l’opération se fera », a martelé mercredi le président de Pierre & Vacances, Gérard Brémond, pour qui l’ouverture du Center Parcs en 2017, prévue jusqu’ici, « est encore possible ».

« Je suis confiant, calme et déterminé. C’est un projet qui a fait l’objet de multiples recours dans le passé. Les deux principales autorisations, qui sont l’autorisation de défrichement et le permis de construire, ont été validées après moult procédures en première instance, en appel, etc., par le Conseil d’Etat. Donc c’est irrévocable », a-t-il dit devant des journalistes à Paris.

La bataille juridique autour de ce village de vacances sur 150 hectares, qui prévoit une bulle aquatique, un millier de cottages, des commerces et des restaurants, n’est pourtant pas terminée. Le tribunal administratif de Grenoble doit examiner le 12 décembre plusieurs recours d’associations demandant la suspension des travaux de défrichement.

Échaudé par la gestion des chantiers de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) et du barrage de Sivens (Tarn), le gouvernement s’est montré évasif sur ce projet « porté par le conseil général de l’Isère », comme l’a dit mercredi la ministre de l’Ecologie.

« Il n’y a nulle raison, et je n’ai nulle intention de me substituer aux élus locaux qui prennent leurs responsabilités dans ce domaine », a déclaré Ségolène Royal à l’Assemblée. « Si, le cas échéant, il faut trouver des solutions de compromis, le ministère est à disposition pour apporter un appui technique », a évacué la ministre.

La veille, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, très critiqué pour sa gestion de la mort de Rémi Fraysse sur le site du barrage contesté de Sivens, s’était dit ouvert au « compromis » tout en rappelant que, in fine, le droit devait s’appliquer « avec la plus grande netteté ».

Des propos qui n’ont pas eu l’heur de faire ciller les opposants à Center Parcs revigorés par un intérêt médiatique croissant, après cinq années de lutte discrètes. « Il ne reste plus aux citoyens pour éviter ce carnage qu’une désobéissance civique, certes illégale », a déclaré mercredi Stéphane Peron, président de l’association « Pour les Chambaran sans Center Parc ».

Elle soutient ouvertement le collectif ZAD (zone à défendre) présent sur le site sans toutefois prendre part à ses actions d’occupation illégale. « Pour moi, l’acte des zadistes est un acte de résistance. La seule façon de faire bouger les choses c’est la contestation », a dit M. Peron.

Des « zadistes » sont installés depuis dimanche soir dans un ex-bâtiment de l’ONF et leur présence semble partie pour durer. Dès lundi, ils ont lancé un appel aux dons « pour vivre au quotidien sur la zone et construire la défense du lieu ». Des demandes qui vont des chaussettes chaudes au thermos en passant par les masques à gaz et les boucliers.

© AFP

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