Le projet de Center Parcs de Roybon divise à gauche

Grenoble (AFP) – Le projet de Center Parcs de Roybon (Isère), fortement contesté par des manifestants mais soutenu par les élus locaux, commence à diviser la gauche après l’appel du président (PS) de la région Rhône-Alpes à suspendre les travaux.

Dans un courrier au préfet de région, Jean-Jack Queyranne a demandé « la suspension des travaux » tant que la justice ne se sera pas prononcée sur la légalité du projet.

Le tribunal administratif de Grenoble doit examiner le 12 décembre plusieurs recours d’associations demandant l’arrêt du défrichement de la forêt de Chambaran.

Quelle que soit la décision du tribunal, M. Queyranne estime en outre « nécessaire » que le préfet diligente « une mission pour apprécier les conditions de réalisation de ce projet au regard des contraintes environnementales ».

Jusqu’alors ce projet de village vacances avec bulle tropicale était soutenu par la plupart des élus locaux, de droite comme de gauche, au premier rang desquels l’ancien président (PS) du conseil général de l’Isère et actuel secrétaire d’Etat André Vallini.

Le gouvernement est favorable au « compromis » mais il fera in fine appliquer le droit « avec la plus grande netteté », a d’ailleurs prévenu mardi le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve.

« On peut comprendre qu’il soit (…) nécessaire jusqu’à la dernière minute d’engager des discussions, d’essayer de trouver des compromis car un bon compromis vaut toujours mieux qu’une mauvaise tension qui peut être à l’origine de drames », a-t-il déclaré, plus d’un mois après la mort du jeune militant Rémi Fraisse à Sivens (Tarn).

Mais « lorsque des élus, légitimement et démocratiquement élus, conduisent des projets qui ont franchi toutes les étapes du droit, ces projets doivent pouvoir se mettre en œuvre au terme des discussions », a-t-il insisté.

Le président (PS) du conseil général de l’Isère, Alain Cottarlorda, a lui dénoncé mardi dans Le Dauphiné Libéré « les minorités agissantes qui tentent de s’opposer à ce projet par la force, l’intimidation et la manipulation, veulent imposer leur volonté au mépris des principes fondamentaux de notre démocratie ».

« Le concept même de Center Parcs est écologique « , a-t-il assuré.

Le maire de Grenoble, Eric Piolle (EELV), a au contraire qualifié dans la matinée ce complexe touristique de « projet préhistorique ». « C’est du bâtiment financé par la défiscalisation pour un modèle environnemental désastreux (…), pour un tourisme qui n’est pas le tourisme de demain avec des emplois qui ne sont pas des emplois de qualité », a critiqué M. Piolle.

Les élus écologistes au conseil régional Rhône-Alpes ont d’ailleurs salué le courrier envoyé par M. Queyranne au préfet de région. « Ce projet inutile et écologiquement désastreux ne doit pas devenir le +Sivens de Rhône-Alpes+ », ont-ils prévenu dans un communiqué.

Les opposants au projet mettent notamment en avant l’enquête publique au titre de la loi sur l’eau qui a rendu cet été un avis défavorable, pointant l’impact néfaste du futur complexe touristique sur les zones humides.

La préfecture de l’Isère a donné son feu vert au lancement des travaux en octobre.

Dimanche, entre 600 et 1.000 personnes ont manifesté dans la forêt de Chambaran contre le chantier. Une centaine d’opposants, membres du collectif Zad (Zone à défendre) Roybon, occupent depuis lors une maison forestière de l’ONF à proximité du chantier.

Ils ont reçu mardi matin à 09H00 la visite d’un huissier qui a constaté l’occupation illégale des lieux.

Le Center Parcs de Roybon doit accueillir un millier de cottages, des commerces et des restaurants autour de l' »Aquamundo », une bulle transparente maintenue à 29°c, avec piscine, jacuzzi, etc. Le projet prévoit 697 créations d’emplois et d’importantes retombées fiscales pour les collectivités locales.

© AFP

2 commentaires

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  • […] Le projet de Center Parcs de Roybon (Isère), fortement contesté par des manifestants mais soutenu par les élus locaux, commence à diviser la gauche après l'appel du président (PS) de la région Rhône-Alpes à suspendre les travaux.  […]

    • Oskar Lafontaine

    La légalité, c’est purement formel et ça dissimule surtout la vérité, soit les arrangements entre copains-coquins, négociés discrètement et sans témoins bien avant, sur le dos de la nature comme de notre environnement et aussi forcément, des contribuables qui finissent toujours par devoir payer ces montages industriels et financiers abracadabrantesques qu’il faut bien qualifier de ce qu’ils sont : mafieux. La pègre institutionnelle, ça existe, ce n’est pas qu’une légende et à Roybon, en Isère, cette pègre là, protégée par les juges, fait massacrer des arbres, comme elle l’avait fait déjà en Isère, il y a 37 ans à Creys-Malville pour cette erreur monumentale et à plus de 20 milliards d’euros de Superphénix. Tout massacre d’arbres se paye, les gangs organisés d’industriels mafieux et d’élus complices, associations de malfaiteurs en fait , s’en rendront compte, car le destin veille. Toute mauvaise action se paye.