Polynésie: vote pour la réparation des préjudices des essais nucléaires

Papeete (AFP) – L’assemblée de Polynésie française a voté jeudi une résolution demandant à l’Etat réparation pour le préjudice écologique provoqué par les essais nucléaires sur les atolls de Moruroa et Fangataufa, une initiative qui sème la zizanie au sein de la majorité locale.

Initialement, cette résolution, déposée par le président de l’assemblée locale Marcel Tuihani, demandait à Paris plus de 754 millions d’euros d’indemnités pour le préjudice provoqué par les essais nucléaires.

Jeudi, la résolution a été votée après le dépôt de plusieurs amendements écrits conjointement par le parti majoritaire Tahoera’a Huiraatira, et le groupe indépendantiste UPLD. Le vote s’est déroulé en l’absence du gouvernement d’Edouard Fritch qui désapprouvait la démarche initiée par M. Tuihani.

Les deux hommes appartiennent pourtant au même parti, le Tahoera’a de l’ancien président Gaston Flosse, déchu en septembre de tous ses mandats après une condamnation pour emplois fictifs. Gaston Flosse a épaulé Marcel Tuihani en tant « qu’experts qualifié » lors de la présentation du projet de résolution en commission de l’environnement de l’Assemblée.

Jeudi, 13 élus de la majorité n’ont pas suivi la ligne du groupe dénonçant une démarche initiée pour « mettre des bâtons dans les roues » du gouvernement local. De fait, le Tahoera’a n’a dû le vote de cette résolution qu’au soutien de l’opposition indépendantiste, mettant à jour des dissension au sein du Tahoera’a.

La résolution appelle l’Etat à indemniser la collectivité du Pacifique sud pour le volet écologique du préjudice subi en raison des essais menés entre 1966 et 1996. Elle appelle aussi à la rédaction d’une loi organique mettant en place un comité indépendant pour chiffrer ce préjudice.

Le Haut commissaire en Polynésie française, Lionel Beffre, a fait part de son « étonnement » devant cette résolution « adoptée grâce à une alliance de circonstance ».

« Celle-ci est d’autant plus surprenante qu’elle est inspirée par une approche contraire à des engagements antérieurs et une vision dépassée des relations de la Polynésie française avec l’Etat, au moment où celui-ci s’efforce, précisément, d’apporter son plein soutien à la relance de l’économie et au redressement des comptes sociaux, dans le cadre de la légitime solidarité nationale dont doivent bénéficier nos concitoyens polynésiens », a fait valoir le représentant de l’Etat dans un communiqué.

« Pour autant, ce texte ne détournera pas l’Etat du travail partenarial qu’il conduit avec le président Edouard Fritch et son gouvernement », a conclu M. Beffre. Après des années de tensions, les relations entre l’Etat et la Polynésie se sont considérablement réchauffées depuis l’arrivée au pouvoir de M. Fritch.

Entre 1966 et 1996, 193 essais nucléaires (atmosphériques, de sécurité et souterrains) ont été réalisés sur les atolls de Moruroa et Fangataufa. En 1996, l’Etat a concédé une dotation globale de développement économique (DGDE) de 18 milliards de francs CP (150 millions d’euros) versée annuellement pour compenser la perte d’activité et de recettes fiscales et douanières consécutive à l’arrêt des essais et au départ des armées. Une dotation devenue pérenne en 2003 et transformée en Dotation globale d’autonomie en 2007

 

© AFP

3 commentaires

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    • Oskar Lafontaine

    Demande tout à fait justifiée, les ravages des radio-éléments artificiels dispersés dans la nature à l’occasion, à Mururoa et Fangataufa d’essais nucléaires, en France même découlant des délires nucléaristes irresponsables de politiciens inconscients, autant que d’économistes à la petite semaine, sont incommensurables. Tout est pollué, radio-actif et mortel.
    Plus fondamentalement, quand on cherche le différence qu’il y a entre notre planète, la Terre et les autres corps célestes de notre système solaire, dans l’optique du vivant, on découvre vite que la Terre se caractérise d’abord par l’absence de rayonnements gamma, absence qui rend la vie possible quand elle est tuée partout ailleurs dans notre système solaire, sur les astres qui s’y trouvent et entre eux, par les rayonnements ionisants et donc destructeurs des cellules vivantes. Le développement d’activités nucléaires sur Terre, est donc une erreur fondamentale profonde et qui ne peut conduire qu’à l’anéantissement de toute vie.

    • Natale

    Je me souviens lors des essais tout le monde disais non et Jacques Cousteau lèche c..l du pouvoir avait dit qu’il n’y avait pas de danger pour la nature ! Et Chirac…a appuyé sur le bouton, la folie humaine est , peut être, sans comparaison dans l’univers

  • « l’Etat, au moment où celui-ci s’efforce, précisément, d’apporter son plein soutien (…) au redressement des comptes sociaux, dans le cadre de la légitime solidarité nationale dont doivent bénéficier nos concitoyens polynésiens », a fait valoir le représentant de l’Etat dans un communiqué »

    L’haut-benêt de service Lionel BEFFRE ne sait pas que ses connes et cons/citoyens polynésiens sont aussi français au vu de leur carde d’identité nationale et même « européens » (sic) s’ils ont un passeport, et que les français et même les étrangers, tant qu’ils n’ont pas aussi la double nationalité (sic) polynésienne peuvent bénéficier du DROIT au RSA garanti par le préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 en termes de « moyens convenables d’existence ».. pendant donc, que « ses » concitoyens polynésiens (re-sic) n’ont que « sa » légitimité de pacotille, de surcroît en tenue « petit blanc »; d’en être privés hohohohoh rollstahiti@gmail.com

Le journaliste Thomas Blosseville, auteur du Nucléaire (presque) facile ! : « on peut légitimement se demander si le nucléaire est une solution pour le monde tel qu’il sera dans les prochaines décennies »

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