Toulouse (AFP) – Les investigations menées chez des apiculteurs pyrénéens et dans des élevages proches n’ont pas permis de conclure à une « origine commune et unifactorielle » de la surmortalité des abeilles, alors que les pesticides étaient principalement mis en cause, a annoncé lundi la préfecture.
Les services de l’Etat ont « conduit leurs investigations chez 52 apiculteurs, parmi les 58 ayant déclaré des pertes de cheptel (dans les Pyrénées orientales et l’Ariège, ndlr), et dans 25 élevages à proximité des ruchers touchés », indique la préfecture des Pyrénées orientales, dans un communiqué publié à Perpignan.
Les apiculteurs soulevaient l’hypothèse d’une exposition des colonies aux substances chimiques utilisées en élevage.
Mais « les résultats d’analyses ne permettent pas, en l’état, de conclure à une origine commune et unifactorielle pour l’ensemble des départements touchés », a fait savoir la préfecture, citant des experts scientifiques apicoles.
Selon la responsable de la Direction départementale de la protection de la population, Chantal Berton, jointe par l’AFP, « cette enquête a permis de mettre en évidence, à l’état de traces, la présence d’agents pathogènes et de substances chimiques connues pour des usages divers: utilisation phytosanitaire, usage sanitaire et biocide en élevage, usage apicole ».
Jean-Philippe Antoine, porte-parole du Collectif des apiculteurs sinistrés des Pyrénées-Orientales, s’est félicité que les experts aient « enfin reconnu la présence de pesticides » dans les ruches. « Or nous apiculteurs, nous n’utilisons pas de pesticides, à la différence des éleveurs », a-t-il déclaré.
Les produits chimiques utilisés par les apiculteurs, eux, « n’ont jamais tué les abeilles », a-t-il assuré.
Le porte-parole a cependant regretté que les experts « noient le poisson en essayant de minimiser » l’impact des pesticides. « Ils sont sous l’emprise du lobby phytochimique », a-t-il accusé.
« Ca ne s’arrêtera pas là », a ajouté le porte-parole, regrettant qu' »aucune aide financière supplémentaire » n’ait été proposée, tandis que les apiculteurs des Pyrénées-Orientales seules ont chiffré à « un million d’euros » le budget nécessaire pour relancer localement la filière.
M. Antoine s’est malgré tout félicité de l’annonce par les experts de la mise en place d’un protocole de surveillance spécifique afin de poursuivre les études.
Cette surveillance, menée sur des ruchers-tests, devrait être réalisée dans des zones ciblées, dans les Pyrénées et les Alpes, dès cet hiver et sur deux saisons.
« Plus de 5.000 ruches ont été déclarées comme mortes » au cours de l’hiver dans les Pyrénées orientales et l’Ariège, selon M. Antoine.
La surmortalité des abeilles touche l’ensemble de la France et l’Europe, relançant le débat sur l’usage des pesticides. En 2013, Bruxelles a interdit pour deux ans l’usage de trois d’entre eux jugés en partie responsables de cette situation.
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Pyrénées: pas un seul facteur de ...
[…] Les investigations menées chez des apiculteurs pyrénéens et dans des élevages proches n'ont pas permis de conclure à une "origine commune et unifactorielle" de la surmortalité des abeilles, alors que les pesticides étaient principalement mis en cause, a annoncé lundi la préfecture. […]
Oskar Lafontaine
Le premier facteur de surmortalité des abeilles, bien avant les pesticides, c’est l’environnement électromagnétique, et au cas particulier des Pyrénées, le passage de la 3G à la 4 G
Prenez une ruche pleine d’abeilles, mettez un ou deux téléphones portables en fonctionnement à moins de 5 mètres six heures par jour, et vous obtenez en huit jours la mort de toutes les abeilles, c’est connu, mais il ne faut surtout pas le dire, ça ferait tellement de peine aux opérateurs de téléphonie mobile comme à TDF et à sa TNT qui a aussi une grosse part de responsabilité dans ces hécatombes pas si mystérieuses que ça.
Didier S.
Bonjour,
je suis apiculteur dans les Hautes-Pyrénées et je m’efforce de conduire mes ruches avec des méthodes respectueuses de l’abeille et de l’environnement. J’ai également subi de lourdes pertes de colonies d’abeilles l’hiver dernier.
Je suis un ardent opposant de l’agrochimie et je la poursuit où qu’elle soit.
Je souhaite apporter un éclairage différent de celui de Jean-Philippe Antoine, porte-parole du Collectif des apiculteurs sinistrés des Pyrénées-Orientales au sujet de sa déclaration : « Or nous apiculteurs, nous n’utilisons pas de pesticides, à la différence des éleveurs ». Jean-Philippe a dû omettre de signaler que la plupart des apiculteurs introduisent dans leurs ruches, de façon récurrente pour traiter le varroa, des lanières d’Apivar fabriquées par Véto-pharma et dont la substance active est l’amitraz dont voici les propriétés pharmacodynamiques (http://www.ircp.anmv.anses.fr/SpcFrame.asp?Product_Identifier=APIVAR) :
L’amitraz est une substance de synthèse à activité acaricide et insecticide de la famille des amidines. Le mode d’action de l’amitraz est de type neurotoxique. L’amitraz agit principalement comme inhibiteur des récepteurs octopaminergiques, conduisant à une inhibition de l’influx neurologique physiologique. Il en résulte une paralysie du parasite, permettant son élimination naturelle par simple gravité.
Un acaricide et un insecticide ne sont-ils pas des pesticides ?
Le Résumé des Caractéristiques du Produit Apivar stipule, au chapitre 5.2 : « La pharmacocinétique de l’amitraz est inconnue chez l’abeille. Aucune étude n’a été envisagée dans ce domaine pour la spécialité du fait des difficultés méthodologiques considérables en regard de l’utilité des informations attendues. »
Outre les résistances du varroa au « médicament allopathique », les effets à long terme de l’amitraz sur l’abeille ne sont vraisemblablement pas être anodins.
Apiculteurs, cessez de dénoncer chez les autres ce que vous cachez dans vos propres ruches ! Devenez responsables ! Tout n’est pas toujours entièrement de la faute des autres.