Paris (AFP) – Le président de la FNSEA a lancé les hostilités en qualifiant de « djihadistes verts » les militants anti-barrage de Sivens. Depuis c’est la surenchère verbale entre écologistes et le syndicat agricole, avec quelques débordements qui en laissent craindre d’autres.
Fin octobre, quelques jours après la mort de Rémi Fraisse, l’emblématique patron de la FNSEA se laissait aller lors d’une conférence de presse: « on est en train d’organiser des djihadistes verts », « Ce qui était présenté comme un mouvement pacifique est extrêmement bien organisé », lâchait-il.
La FNSEA était passablement énervée d’être montrée du doigt, contestant que le barrage (que le syndicat considère comme une simple retenue d’eau) bénéficiera à l’agriculture industrielle.
Mardi, à la veille d’une grande mobilisation d’agriculteurs en France, Xavier Beulin a reconnu qu’il avait utilisé « un terme un peu dur » et promis que « jamais » il ne confondrait « des écologistes pacifistes (…) à ce groupe de 200 ou 300 personnes complétement incontrôlé ou sous contrôle d’on ne sait quelle organisation nébuleuse dont le QG est à Notre-Dame-des-Landes ».
Mais pour les écologistes le mal était fait.
Mercredi, lors de l’imposante mobilisation des agriculteurs du syndicat majoritaire et de son allié Jeunes Agriculteurs, les défenseurs de l’environnement étaient sur le pont, prêts à souligner tout dérapage.
La plupart des actions se sont déroulées dans le calme. Mais il y a eu au moins deux dérapages. Un local du parti Europe Écologie Les Verts (EELV) a été recouvert de fumier à Toulouse. Et des agriculteurs ont maltraité des ragondins, devant la préfecture de Nantes, les jetant par-dessus des grilles avant de les asperger de peinture rouge, puis de les frapper du pied, avait constaté un journaliste de l’AFP.
Sur Twitter, Emmanuelle Cosse, numéro un du parti a dénoncé « les barons de la mal-bouffe (qui) déversent leur fumier sur la France: une insulte pour tous les paysans respectueux de la terre et des hommes ».
Le chef de file des sénateurs Europe Ecologie-les Verts, Jean-Vincent Placé est allé encore plus loin: « Ces pauvres types sadiques de la FNSEA qui torturent des ragondins. Les traiter de porcs serait diffamatoire vis-à-vis des animaux # berk ».
Par voie de communiqué, le parti écologiste a ensuite condamné « ces actions violentes » et « l’impunité dans laquelle elles se déroulent ».
« Après l’incendie du centre des impôts de Morlaix (par des légumiers bretons en septembre, ndlr), le gouvernement était prévenu des débordements possibles, pourquoi avoir laissé faire ? », s’interroge le parti, qui « s’indigne de l’absence d’encadrement et demande à ce que des sanctions soient prises ».
Une demande restée sans réponse du gouvernement pour l’heure.
De son côté, France Nature Environnement (FNE), réseau d’associations dont faisait partie Rémi Fraisse, a dénoncé dans un communiqué jeudi les violences dont sont victimes les contrôleurs de la police de l’eau (Onema) quand ils vont inspecter les exploitations agricoles.
« La protection des fonctionnaires exerçant des fonctions de police et de lutte contre la délinquance environnementale est aujourd’hui compromise, de même que l’action de la justice », selon l’ONG.
Et enfin, jeudi, des « faucheurs » d’OGM assurent qu’une quinzaine de leurs voitures ont été vandalisées par des agriculteurs de la FNSEA, qui les attendaient à la sortie d’une action contre un laboratoire consacré aux OGM dans le Puy-de-Dôme et appartenant à la coopérative Limagrain.
« Limagrain est une coopérative, ce sont des adhérents de la coopératives qui sont venus et la FNSEA n’a absolument rien revendiqué là-dedans », a démenti Xavier Beulin auprès de l’AFP.
« Je crois qu’il faut que les choses reviennent dans l’ordre », a-t-il plaidé.
Pour lui, il faut que le droit l’emporte sur le site de Sivens. Et s’agissant des revendications des agriculteurs, il a assuré sentir « une volonté du Premier ministre d’apporter une réponse concrète et durable » à leurs problèmes.
Reste maintenant à ce que les agriculteurs, visiblement très remontés, l’écoutent sur le terrain.
© AFP
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Oskar Lafontaine
Deux « conceptions du monde » (Weltanschauung) en allemand, langue de la philosophie, s’affrontent ici, l’ancienne et la nouvelle. Mais avant même la philosophie c’est d’abord deux modèles économiques qui s’opposent, celui, à bout de souffle, du productivisme agricole à outrance, cause de destruction et même de massacre de la nature, au nom du compte en banque, et dont l’échec est patent, financier autant qu’en qualité de production alimentaire, et le modèle plus modeste, moins agressif, donc plus durable et crédible, car économe en moyens, comme enrichi de garanties sanitaires, de l’intégration pacifiée à la nature, de l’équilibre réaliste entre la fin et les moyens.
Le premier modèle passe provisoirement encore en force, par la corruption, le mensonge systématique autant que la compromission avec divers lobbys industriels comme avec de vieilles confréries pseudo intellectuelles à la philosophie passe partout autant que de pacotille mais qui voudraient, en dépit de leurs lourdes insuffisances conceptuelles, continuer à structurer en sous main la société au nom d’une fraternité humaine de pure façade, et, à l’odeur, maintenant devenue pestilentielle, de simple mafia, mais confréries introduites en force, dans tous les rouages politiques, policiers et judiciaires.
La vieille conception, représentée dans le monde agricole par la FNSEA, à force d’échecs multiples et répétés, de scandales aussi, a maintenant creusé sa tombe et ne peut plus qu’y tomber, à la nouvelle conception de prendre le relais sur des bases assainies et apaisées.