Japon: une municipalité vote la relance de 2 réacteurs qu’elle héberge

Tokyo (AFP) – L’assemblée municipale de Satsumasendai (sud-ouest du Japon) a voté mardi à une très large majorité le redémarrage de deux réacteurs de la cité, Sendai 1 et 2, un nouveau pas en avant vers la relance des installations nucléaires dans l’archipel, trois ans et demi après le drame de Fukushima.

Dix-neuf des 23 élus qui ont pris part au scrutin ont dit oui, arguant que l’économie de la région souffrait de l’arrêt du site atomique, tandis que les quatre contre ont jugé que la population s’inquiétait de la sûreté réelle des installations.

Actuellement le parc des 48 tranches du pays (hormis les 6 réacteurs condamnés de la centrale accidentée Fukushima Daiichi) est intégralement stoppé.

Aucune tranche ne peut être réactivée sans le certificat de sûreté de l’Autorité de régulation nucléaire, qui a durci les normes vis-à-vis des risques d’accident critique.

Les unités Sendai 1 et 2 sont pour le moment les seules à avoir obtenu cet imprimatur du régulateur indépendant.

D’autres municipalités riveraines, qui n’hébergent pas la centrale Sendai mais se sentent autant concernées que Satsumasendai, demandent le droit de s’exprimer sur ce sujet et de s’opposer à la relance. Toutefois le gouverneur de la préfecture de Kagoshima, qui a le dernier mot, plaide que, légalement, rien ne l’oblige à tenir compte de l’avis de ces bourgades.

La décision finale revient à lui et au gouvernement, qui piétine d’impatience de remettre en service plusieurs réacteurs.

La compagnie Kyushu Electric Power a pour sa part plusieurs procédures à effectuer avant de pouvoir remettre en marche ses installations, un redémarrage qui ne devrait pas avoir lieu au mieux avant début 2015.

Les antinucléaires ont immédiatement réagi au choix de la municipalité de Satsumasendai, dénonçant un déni de l’opinion majoritaire.

« Le vote d’aujourd’hui témoigne seulement de la puissance et de l’influence de Kyushu Electric Power. Il contredit nettement les vues de la majorité des habitants de Kagoshima et du Japon », s’est énervée l’organisation écologiste Greenpeace Japon.

« La centrale nucléaire de Sendai est une menace bien au-delà des frontières proches de Satsumasendai. Un redémarrage de ces réacteurs devrait, au minimum, exiger une audience publique large et complète auprès des collectivités dans la préfecture de Kagoshima et au-delà », insiste-t-elle.

« Le gouverneur de Kagoshima et le gouvernement de Shinzo Abe ne doivent pas suivre ce rapide processus d’approbation, ils devraient répondre aux préoccupations légitimes du peuple. Il y a beaucoup de questions importantes en matière de sécurité encore sans réponse », a souligné Kazue Suzuki, militante de Greenpeace.

Quelque 16.000 personnes avait manifesté en septembre à Tokyo contre le redémarrage de réacteurs nucléaires et les sondages indiquent que la majorité de la population n’y est pas favorable.

© AFP

 

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