Vienne (AFP) – Le gouvernement autrichien attaquera devant la Cour européenne de justice un éventuel feu vert de la Commission européenne aux aides permettant la construction d’une centrale nucléaire de type EPR en Angleterre, a-t-on appris mercredi auprès du ministère de l’Environnement à Vienne.
Un porte-parole du commissaire européen à la Concurrence Joaquin Almunia avait indiqué lundi que celui-ci s’apprêtait à proposer à la Commission de prendre en octobre une « décision positive » dans ce dossier porté par Londres et le géant français de l’électricité EDF.
En pratique, M. Almunia est disposé à accepter que EDF bénéficie pendant 35 ans, pour l’électricité produite par la future installation, d’un prix garanti très supérieur aux cours actuels de l’électricité Outre-Manche, une disposition généralement réservée aux énergies renouvelables.
« Ce scandale doit être combattu par tous les moyens légaux », a déclaré le ministre Andrä Rupprechter (OVP, conservateur), selon des propos rapportés par la presse autrichienne et confirmés à l’AFP par son cabinet. Vienne envisage l’introduction d’un « recours en annulation », a-t-il été précisé.
L’Autriche, un pays qui s’affiche comme farouchement antinucléaire, redoute qu’une décision favorable de Bruxelles ne relance la filière nucléaire en Europe au détriment des énergies renouvelables.
En particulier, la petite république alpine redoute que des prix garantis élevés de l’électricité ne donnent un nouveau souffle à un projet de construction de deux nouvelles tranches à la centrale tchèque de Temelin, à sa frontière.
L’Autriche a rejeté par référendum en 1978 tout recours à l’énergie nucléaire, alors que sa première centrale allait entrer en service à Zwentendorf, près de Vienne. Le pays importe cependant une part de sa consommation d’électricité.
Le projet britannique porte sur la construction par EDF allié aux chinois CGN et CNNC de deux réacteurs EPR du groupe français Areva à Hinkley Point, dans le sud-ouest de l’Angleterre, pour près de 19 milliards d’euros.
Le gouvernement britannique a garanti un prix d’achat de l’électricité d’au moins 89,50 livres par mégawattheure, quitte à payer la différence s’il est supérieur au prix du marché. Ce volet du contrat nécessite le feu vert de Bruxelles.
© AFP
4 commentaires
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BERNARD
Il faut évidemment combattre cette nouvelle folie par tous les moyens possibles ! !
Cela va encore coûter une quantité de fric avec lequel il serait possible d’installer une quantité d’éoliennes et de panneaux photovoltaïques en trop grand nombre pour les besoins actuels et qui ne produiraient pas tous les poisons que produisent les centrales nucléaires ! !
Jeannin
Pour en savoir plus sur le projet nucléaire anglais et ce qu’il coûtera.
http://energeia.voila.net/electri2/nucleaire_grande_bretagne.htm
Et regardez bien la durée des tarifs d’achat en Grande-Bretagne : 35 ans pour l’énergie nucléaire mais 15 ans pour les énergies renouvelables.
Oskar Lafontaine
Le photovoltaïque produit déjà l’électricité, dans les pays ensoleillés, en Europe, Italie, Espagne, Portugal, Provence en France et d’autres encore pour moins cher et c’est bien plus vite installé, que l’électronucléaire, surtout quand il est neuf, cas de cette aberration totale d’EPR.
De plus et pour fixer les idées, le prix actuel, en 2014, du watt-crête photovoltaïque sorti d’usine, sur panneau, est compris dans une fourchette entre 44 et 55 centimes d’euro, l’Europe avait d’ailleurs négocié avec la Chine, à l’été 2013, pour que ce pays ne lui vende pas le watt photovoltaïque sur panneau à moins de 56 centimes d’euro. Depuis, on le voit, ce prix a baissé et on attend même une baisse de ce prix dans les trois ou cinq ans qui viennent d’au moins 25 ou 30%…. Par comparaison, une simple division du prix de l’EPR, soit 8,5 milliards d’euros(au minimum) par le nombre de watts de puissance que devrait atteindre cette installation délirante d’absurdité, soit 1650 mégawatts, nous donne un prix du watt EPR installé à plus de 5 euros, c’est-à-dire, dix fois plus cher !! Au fou ! Et c’est facile à vérifier et chacun peut faire la division, attention, il y a beaucoup de zéros. Et il y a beaucoup de watts dans un mégawatt, qui représente lui-même mille kilowatts et un kilowatt, mille watts. Enfin, ce qui aggrave tout pour le nucléaire, la production d’électricité exige de faire tourner le réacteur, donc de lui fournir du combustible, de l’uranium, ce qui est très, très cher, et il faut énormément de personnel de haut niveau sur place et en permanence, pour contrôler un réacteur, contre rien ou presque rien en photovoltaïque, et les risques et les déchets en moins. Les économiste ont d’ailleurs constaté que ce qu’ils nomment, dans leur jargon, le « coût marginal de production » est ridicule avec les renouvelables et très élevé, à cause du prix du combustible, avec l’électricité thermique, soit au gaz, charbon, pétrole ou nucléaire. Au Texas, où il y a pas mal de soleil, un contrat de fourniture d’électricité d’une ferme solaire en construction au distributeur local a été signé en avril 2014 pour livraison en 2016 à un prix de 3,6 centimes d’euro le kilowattheure, contre tenez-vous bien, plus de 10 centimes d’ euros(trois fois plus cher) pour le kilowattheure qui sortira, peut-être, dans dix ans au minimum, des EPR anglais !!! Avec en prime risques d’explosions et déchets hors de prix et ingérables. On est en plein délire ! Le nucléaire c’est du passé, et il ne reste plus, avec lui, qu’à tirer la chasse!
Oskar Lafontaine
Bonne nouvelle on apprend que finalement Bruxelles pose des conditions à son acceptation, conditions qui reviennent à laisser moins de sous à EDF au profit du contribuable anglais. Comme le budget est très serré, qu’Areva qui devait financer à hauteur de 10% s’enfonce dans le rouge et réduit ses investissements, la probabilité d’un démarrage effectif de ce chantier fou furieux s’éloigne.