Climat: après le sommet de New York, le plus dur reste à faire

Paris (AFP) – Après les déclarations d’intention du sommet de New York, les Etats vont devoir passer à la vitesse supérieure en vue de la conférence de Paris sur le climat, alors que les émissions de gaz à effet de serre ne cessent de croître.

Quelque 125 chefs d’état et ministres ont réaffirmé mardi à l’Onu leur engagement à lutter contre le réchauffement climatique, lors du tout premier sommet consacré à cet enjeu depuis l’échec de la conférence de Copenhague de 2009.

« Le vrai test de ce sommet est à venir: était-ce juste un festival de paroles ou bien permettra-t-il de revoir à la hausse les ambitions? » s’interrogeait mercredi Bill Hare, directeur du think tank Climate Analytics. « Réaffirmer l’engagement de limiter le réchauffement à +2° (par rapport à l’ère pré-industrielle, ndlr), sans y associer quasiment aucun nouvel engagement pouvant nous détourner du chemin actuel des +4°, cela fait peser une pression énorme sur les six prochains mois. »

Convoqué par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, le sommet visait à relancer la dynamique, afin de permettre un accord global, le plus ambitieux jamais atteint, sur les réductions d’émissions de gaz à effet de serre lors de la conférence de Paris fin 2015.

Selon les prévisions, les températures pourraient, si rien n’est fait, augmenter de 4,8 degrés au cours du siècle. Une situation qui, selon toutes probabilités, accentuerait inondations et sécheresse, accélèrerait la disparition d’espèces et promet de créer de vastes problèmes de santé.

Aucune annonce majeure n’aura marqué le sommet de mardi. Pour l’ONG Oxfam, il « n’a pas reflété l’urgence de la situation ».

Parmi les quelques promesses concrètes, celle de la France d’abonder le Fonds vert à hauteur d’un milliard de dollars « sur les prochaines années ». Ce Fonds, destiné à soutenir les pays en développement, dispose désormais de 2,3 milliards de promesses de financement sur 100 milliards attendus d’ici à 2020.

Au-delà des déclarations new-yorkaises, les gouvernements sont donc désormais invités à présenter des engagements nationaux pour réduire leurs émissions à partir de 2020. Des annonces espérées au 1er trimestre 2015, ou, en tout cas, bien en amont de la réunion de Paris.

Tout au long de cette année, les négociateurs devront tenter de réduire les grandes lignes de fracture.  Qui doit assumer le coût de la transition énergétique? Pourquoi les pays du sud doivent-ils contribuer à rétablir une situation générée par le nord? Quelle contrainte légale imposer dans le futur traité?

Pour autant, de nombreux observateurs affichaient mercredi un certain optimisme, comme Alden Meyer, du centre de réflexion Union of Concerned Scientists.

« Les divisions n’ont pas été résolues par ce sommet », admet-il. Mais « il ne faut pas sous-estimer l’attitude très positive dans la salle, et cet engagement partagé par les dirigeants. Cela pourrait payer ».

Les discours des deux principaux pollueurs de la planète, la Chine et les Etats-Unis, ont retenu l’attention, et particulièrement celui de Pékin, qui dit vouloir stopper la croissance de ses émissions « le plus tôt possible ».

« Les déclarations de la Chine vont plus loin que jamais », souligne Jennifer Morgan, du World Resources Institute à Washington. En outre, « l’intérêt de la Chine à l’égard d’une coopération sud-sud est particulièrement important pour construire la confiance » et inspirer d’autres Etats.

Ce sommet se voulait un nouveau départ pour les défenseurs du climat, qui ont changé de stratégie après le choc de Copenhague, où la communauté internationale avait été incapable de s’entendre sur des objectifs de réduction des émissions.

« A Copenhague, les chefs d’Etat étaient sollicités à l’issue de la négociation. Cette fois, il s’agissait de les mobiliser en amont », pointe Emmanuel Guérin, directeur associé du Réseau des solutions pour un développement durable (UNSDSN). « Après une longue période de creux, ce sommet et ce qui s’est passé autour (les manifestations, ndlr) devaient remettre le sujet à l’agenda politique international ».

Plusieurs « marches pour le climat » ont réuni dimanche des centaines de milliers de personnes dans le monde. De nombreux observateurs saluent aussi la présence au sommet d’acteurs nouveaux: entreprises, banques ou collectivités.

© AFP

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