Paris (AFP) – L’Assemblée nationale a adopté mardi une proposition de loi interdisant la culture du maïs transgénique en France, dans une nouvelle tentative pour proscrire de façon pérenne le MON 810 de la firme américaine Monsanto.
Les socialistes, auteurs du texte examiné en première lecture, les écologistes, les radicaux de gauche et le Front de gauche ont voté pour, tandis que les centristes de l’UDI étaient partagés. Les élus UMP, qui avaient annoncé un vote contre, avaient quitté l’hémicycle pour marquer leur opposition.
Le texte volontairement large a pour but de sécuriser juridiquement l’interdiction du maïs MON 810, édictée mi-mars en urgence par arrêté juste avant la période des semis. L’Union française des semenciers et l’association générale des producteurs de maïs (AGPM) ont attaqué cet arrêté, plaidant le droit d' »accès aux innovations biotechnologiques ».
Le Conseil d’Etat, saisi par des pro-OGM, avait annulé l’été dernier un arrêté d’interdiction datant de 2011 du MON 810, rouvrant la voie à son utilisation.
Les députés PS ont martelé mardi leur refus de toute « culture d’OGM en France », face « aux organisations agricoles qui défendent un modèle productiviste dépassé, aux lobbies (et à) l’Europe qui semble prête à baisser pavillon contre l’avis d’une bonne moitié des Etats », selon les mots de leur porte-parole Annick Lepetit. Les élus écologistes et du Front de gauche ont aussi épinglé les risques des OGM pour l’environnement.
Le gouvernement, qui juge qu’il est « indispensable de maintenir le moratoire français » sur les OGM, a soutenu ce texte au nom du « principe de précaution » constitutionnel, a fait valoir dans l’hémicycle le secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen.
L’UMP a dénoncé « une idéologie » du refus des progrès scientifiques.
Bernard Accoyer (UMP) a annoncé la saisine du Conseil constitutionnel une fois le texte adopté définitivement, au motif notamment de « la primauté du droit européen sur la loi française ». « Les Verts vous font faire n’importe quoi », a-t-il lancé à l’adresse des socialistes.
Se distinguant, la députée UMP de l’Essonne et ancienne ministre de l’Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet, à l’origine d’un précédent moratoire sur le MON810, a indiqué qu’elle ne s’opposerait pas à cette proposition de loi « car la France n’a rien à gagner à (sa) culture ».
Des motions de l’UMP, présente en force dans l’hémicycle, ont échoué, dont une dans des conditions tendues alors que les bancs de la majorité étaient peu fournis dans un premier temps. Ainsi l’épisode du Sénat du 17 février dernier a failli se reproduire, lorsqu’une proposition identique d’interdiction du maïs génétiquement modifié du sénateur Alain Fauconnier avait été rejetée.
Des amendements écologistes visant à élargir l’interdiction de la culture à l’ensemble des plantes génétiquement modifiées ont aussi été refusés, au motif que la proposition de loi, préparée « en urgence », se veut « pragmatique », selon les socialistes.
L’article unique de la proposition de loi, qui doit maintenant être examinée au Sénat, stipule que « la mise en culture des variétés de maïs génétiquement modifié est interdite sur le territoire national ».
Il s’agit aussi d’interdire par avance le maïs TC1507 (Pioneer-Dupont), qui pourrait être autorisé par l’UE: si les Etats ont été majoritairement opposés à ce feu vert, ils n’ont pas atteint la majorité qualifiée, ce qui a relancé le débat sur le mécanisme européen d’autorisation des OGM.
Le MON810 est le seul OGM actuellement cultivé dans l’Union européenne. Son renouvellement d’autorisation est actuellement en cours d’examen par l’Union européenne, avec en parallèle des discussions pour revoir le processus d’évaluation des OGM. Les Etats de l’UE ont la possibilité d’interdire sur leur territoire un OGM autorisé par l’Union européenne.
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3 commentaires
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Jean-Pierre Felu
N’oublions jamais le génocide de Monsanto avec « agent orange » au Viet Nam. NON à MONSATAN.
Gil Kressmann
Sachez que cette loi qui interdit tous les maïs GM interdit donc un maïs Bt qui est écologique puisqu’il permet de supprimer les traitements chimiques pour tuer la pyrale, un insecte nuisible pour les maïs. Cette loi va aussi interdire des maïs tolérants à la sécheresse mis à la disposition des agriculteurs des Etats-Unis, maïs que tous les agriculteurs attendent compte tenu des déficits en eau annoncés.
Sachez enfin que cette loi française d’interdiction des maïs GM fait le bonheur des producteurs américains qui peuvent pérenniser ainsi leur avantage concurrentiel sur les marchés mondiaux en cultivant et mettant en marché un maïs plus compétitif que celui des français qui ne peuvent pas avoir accés à cette technologie.
Isabelle
Gil Kressmann, votre commentaire est très orienté.
Les plantes OGM porteuses de miracle et soi-disant « écologiques », ça n’existe que dans l’imagination des lobbies et des gogos (très nombreux, je vous l’accorde).
Les OGM ont montré depuis longtemps leurs limites et leur nocivité.
La soi-disant science, les monocultures intensives et la déforestation massive détruisent chaque jour un peu plus le fabuleux équilibre des cycles et des équilibres naturels, sans parvenir à instaurer à la place un nouveau système satisfaisant, bien au contraire.
C’est catastrophe sur catastrophe.
L’intelligence de la nature est inégalée et inégalable, n’en déplaise à tous ces Icares qui se brûlent les ailes en voulant toucher le soleil et qui emportent l’humanité entière dans leur chute.
Sans parler du fait que la destruction de leur environnement amèneront de plus à plus les USA a en payer le prix fort au niveau économique, je tiens simplement à rappeler qu’ils subventionnent largement leur agriculture, loin du portrait bisounours que vous nous brossez (« avantage concurrentiel », « plus compétitif », quelle blague !).
Enfin bon, moi aussi je peux parler la langue du monde de la bourse et de la finance, donc finissons là-dessus : lorsque les cycles naturels seront totalement perturbés et qu’il sera impossible faire pousser quoi que ce soit, pas de panique, les OGM miracle pousseront encore, n’en doutons pas, et des « solutions » qui n’en sont pas seront trouvées pour continuer à engraisser les actionnaires.
Que demande le peuple ?!