Paris (AFP) – Trente-cinq réacteurs nucléaires vont devoir être construits d’ici à 2050 si la France pérennise l’objectif présidentiel de 50% d’électricité nucléaire, a affirmé jeudi le patron du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), Bernard Bigot.
Dans un entretien à l’Usine Nouvelle, le responsable de l’établissement public de recherche nucléaire juge qu’il faut anticiper la fin de vie des 58 réacteurs nucléaires existants en construisant environ un réacteur par an.
« On ne peut en effet pas estimer que la durée de vie des centrales actuellement en fonctionnement excèdera les 55 ou 60 ans. A l’horizon 2050-2055, toutes les centrales qui existent aujourd’hui auront été arrêtées », a-t-il fait valoir.
« Il faut donc construire avant de fermer, d’autant plus qu’entre le lancement d’une centrale et sa connexion au réseau, huit à dix ans s’écoulent », selon M. Bigot.
Le patron du CEA ne dit pas de quelle puissance seraient les réacteurs construits. Mais sur la base du réacteur EPR d’Areva, d’une puissance de 1.650 mégawatts, sa proposition signifie la construction de 57,7 gigawatts de capacités d’électricité nucléaire, soit pratiquement autant que le parc actuel (63,1 gigawatts).
« Aujourd’hui, une planification raisonnable au rythme d’une centrale par an serait plus pertinente », contrairement au rythme de 3 ou 4 réacteurs par an lors de la construction du parc actuel (entre 1973 et 1990), selon M. Bigot.
« L’enjeu, c’est d’avoir une politique énergétique non pas pour les cinq ans qui viennent mais pour les cinquante ans qui viennent », a-t-il plaidé.
La question du nucléaire sera un des grands enjeux de la loi sur la transition énergétique, qui doit étendre à l’État le pouvoir de fermer un réacteur pour des motifs de politique énergétique.
L’objectif de François Hollande de ramener de 75 à 50% la part de l’électricité d’origine nucléaire d’ici à 2025 a de nouveau été confirmé cette semaine, mais sa mise en oeuvre reste encore très floue.
La seule fermeture annoncée est celle de la centrale de Fessenheim, la plus ancienne en service en France, qui compte deux réacteurs de 900 mégawatts chacun, et l’inconnue demeure sur l’origine des 50% d’électricité non nucléaire.
Les autres objectifs gouvernementaux sont la baisse de 40% des émissions de CO2 et de 30% de la consommation d’hydrocarbures d’ici 2030, ainsi que la division par deux de la consommation d’énergie d’ici 2050.
© AFP
2 commentaires
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Jeannin
Sans compter que cela éviterait les dangers immédiats et à long terme du nucléaire, il existe des solutions plus économiques que le nucléaire pour produire de l’électricité.
Un ensemble de documents à retrouver ici :
http://energeia.voila.net/index2.htm
Entre autres, voir le coût de construction des réacteurs nucléaires – la comparaison entre le coût du solaire allemand et celui du nucléaire anglais – les nombreuses études sur le solaire, l’autoconsommation, le stockage …
Oskar Lafontaine
En effet, et ce qu’a écrit Jeannin est parfaitement exact. Les études économiques depuis deux ans déjà, qui comparent électronucléaire et photovoltaïque pour la production électrique, vont toutes dans le même sens et leur conclusion est sans appel, économiquement l’électronucléaire a largement perdu.
Déjà dans les zones ensoleillées, le photovoltaïques, en plus sans risques ni déchets, produit de l’électricité pour bien moins cher que l’électronucléaire, surtout l’installation, qu’elle soit individuelle ou en ferme solaire est très rapide, quelques heures à 48 heures en individuel (hors délais administratifs artificiels), contre de 5 à 10 ans et parfois plus, en électronucléaire, et le temps, c’est de l’argent. Enfin des panneaux solaires, ça se déplace facilement alors qu’un réacteur nucléaire…..
Stocker l’électricité solaire sera toujours plus facile et bien moins onéreux que de se battre contre la radioactivité, les déchets et les risques d’accidents majeurs. Le stockage individuel par volants d’inertie semble être actuellement la technologie la plus prometteuse et avancée, mais les accumulateurs chimiques continuent de s’améliorer, en capacité; durée d’utilisation et baisses de prix.
Il est même de plus en plus probable que l’évolution technologique autant que financière conduise progressivement à l’abandon des réseaux, l’autoconsommation, qui a bien démarré en Allemagne, finira par s’imposer partout.