Paris (AFP) – L’entourage de François Hollande et le ministre de l’Écologie et de l’Énergie Philippe Martin se sont vivement inscrits en faux, mardi, contre des déclarations d’Anne Lauvergeon laissant supposer un report de la réduction à 50% de la part du nucléaire dans la production d’électricité d’ici 2025.
« Les engagements du président de la République formulés lors de la conférence environnementale seront bien évidemment respectés », a-t-on déclaré dans l’entourage du président Hollande, interrogé par l’AFP. Peu auparavant, l’ancienne présidente d’Areva avait déclaré sur France Inter que cet objectif n’était « pas réaliste », ajoutant: « je crois que la date a été plus ou moins renvoyée à plus tard ».
Pour l’ancienne conseillère de François Mitterrand, aujourd’hui à la tête d’une commission baptisée « Innovation 2030 » et qui était encore au côté du chef de l’Etat lundi pour le lancement d’un concours mondial de l’innovation, cet objectif « poserait un problème grave », supposant l’arrêt d’une « vingtaine de réacteurs ».
« Je ne pense pas que cela soit réaliste aujourd’hui sur le plan économique et pratique », a-t-elle dit.
Également interrogé par l’AFP, le ministre de l’Écologie et de l’Énergie a également démenti un report, qui est « peut-être dans sa tête (celle de Lauvergeon, NDLR) mais pas dans la mienne », a dit Philippe Martin.
« Je suis le ministre qui a en charge le nouveau mix énergétique et mon objectif reste celui qui m’a été fixé par le chef de l’Etat, c’est-à-dire d’obtenir cette réduction à 50% de la part d’électricité produite par l’énergie nucléaire à l’horizon 2025 », a-t-il insisté.
« Je ne sais pas ce qui lui permet de dire ça mais en tout cas moi je m’inscris en faux par rapport à cette déclaration et je maintiens l’objectif », a martelé Philippe Martin.
Quant au Conseil de politique nucléaire, organisme qui rassemble les principaux acteurs de la filière nucléaire et qui se réunira mercredi à l’Elysée autour de François Hollande, dans la foulée du Conseil des ministres, il portera « exclusivement sur les exportations » de la filière nucléaire française, indique-t-on de source proche du dossier, et « pas du tout sur la question de la fermeture des centrales nucléaires ».
Pour le député écologiste Denis Baupin, Anne Lauvergeon privilégie « les industries du passé » et ses propos reflètent « une bien faible confiance en la capacité d’innovation des énergéticiens français » et « une faible connaissance des mutations énergétiques en oeuvre chez nos voisins ». Il y voit « une forme de mépris du travail de tous ceux qui ont élaboré des scénarios énergétiques qui montrent comment la France peut passer à 50% de nucléaire en 2025 ».
L’organisation écologiste Greenpeace a appelé pour sa part le président Hollande à confirmer son engagement. « On attend une confirmation de la part de François Hollande et du Premier ministre Jean-Marc Ayrault de cette promesse », a déclaré mardi Sébastien Blavier, chargé de campagne nucléaire au sein de l’ONG.
Ouvrant le 20 septembre la deuxième conférence environnementale, François Hollande avait annoncé que la possibilité pour l’État de fermer des centrales nucléaires serait intégrée à la loi de transition énergétique prévue pour fin 2014.
Il avait également confirmé la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim (Alsace) « fin 2016 ».
La réduction de la part du nucléaire dans la production d’électricité, « de 75% à 50% à l’horizon 2025 en garantissant la sûreté maximale des installations et en poursuivant la modernisation de notre industrie nucléaire », constituait le 41e des 60 « Engagements pour la France » du candidat Hollande.
© AFP
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