Varsovie (AFP) – Les pays industrialisés ne doivent « pas transférer le poids du changement climatique » sur les épaules de ceux du Sud, a averti mercredi à Varsovie la ministre indienne de l’Environnement, Jayanthi Natarajan.
« Les pays développés doivent faire plus maintenant et ne pas transférer le poids du changement climatique sur les épaules des pauvres de ce monde après 2020 », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse, en marge des négociations internationales sur le climat qui doivent s’achever le 22 novembre.
La communauté internationale s’est fixé comme objectif de sceller en 2015 à Paris, pour une entrée en vigueur en 2020, l’accord le plus ambitieux jamais conclu sur la lutte contre le changement climatique : il doit être « universel », légalement contraignant et permettre de limiter le réchauffement à 2°C par rapport à la période pré-industrielle.
Pour l’Inde, cela signifie que « chaque pays devra présenter des engagements » pour maîtriser ses émissions de gaz à effet de serre (GES), « en fonction de ses capacités nationales », a expliqué la ministre.
Mais « l’effort qu’il restera à faire pour parvenir à l’objectif de 2°C devra être fourni par les pays développés », a-t-elle insisté.
La différenciation entre pays développés et en développement dans la lutte contre le changement climatique est l’un des grands sujets controversés de ces négociations onusiennes.
Elle a été consacrée lors du Protocole de Kyoto, signé en 1997, où seuls les pays industrialisés se sont engagés à réduire leurs émissions de GES, au nom notamment de leur responsabilité historique dans le réchauffement.
Mais, depuis, la répartition des émissions de GES dans le monde s’est profondément modifiée, la Chine devenant le premier émetteur avec environ 23%, l’Inde étant loin derrière avec 5%, et nombre de pays, les Etats-Unis en tête, ne veulent plus de cette ligne de partage qu’ils jugent obsolète.
« Beaucoup de pays poussent pour un accord sur ce modèle démodé où les pays développés sont traités d’une façon (…) et les pays en développement autrement. Ce n’est pas un point de départ de négociation « , a déclaré le négociateur en chef américain, Todd Stern.
De son côté, la commissaire européenne au Climat, Connie Hedegaard, a admis que « les pays riches devront faire plus que les pays en développement ». « Mais il faut faire attention avec cette responsabilité historique », a-t-elle lancé.
« Le monde ne sera capable d’apporter une réponse de taille au défi du changement climatique que si, à partir de 2020, tous les pays prennent leur part. Autrement, ce ne sera pas possible », a-t-elle ajouté, accusant certains pays de « faire marche arrière » à l’égard de ce qui a été décidé au sujet de l’accord de 2015.
Le représentant chinois à ces négociations, le ministre Zhenhua Xie, a reconnu que la « Chine est le premier pays émetteur de CO2 au monde. C’est un fait indéniable », a-t-il dit.
« Mais ceci est logique quand on est dans un processus d’industrialisation et d’urbanisation », a-t-il justifié. Et contrairement aux pays développés, qui ont connu un développement « sans contrainte », « celui des pays en développement est contraint pour limiter les émissions de CO2 », a-t-il souligné.
La question de la « responsabilité historique » des pays du Nord a été très largement portée par le Brésil lors de cette conférence climat.
Le Brésil a proposé que les experts du climat du Giec fournissent une « méthodologie » pour calculer les émissions passées de chaque pays, qui seraient ensuite prises en compte dans l’accord de 2015. L’idée a été rejetée par les pays.
© AFP
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