Pollution de l’air: l’ennemi vient aussi de l’intérieur

air intérieur

Un enfant prépare la cuisine, le 24 octobre 2012 dans la région de Mu Cang Chai, au nord-ouest du Vietnam © AFP/Archives Hoang Dinh Nam

Paris (AFP) – Le classement récent de la pollution de l’air extérieur comme facteur cancérigène certain par l’OMS peut faire oublier que l’ennemi pour les poumons de milliards d’humains, c’est d’abord l’atmosphère polluée de l’intérieur des logements.

« La pollution de l’air intérieur est le quatrième plus important facteur de risque » pour la réduction de l’espérance de vie, devant la mauvaise alimentation, l’hypertension et la cigarette, explique Ross Anderson, professeur d’épidémiologie et santé publique à l’Université de Londres.

La pollution extérieure, par les particules fines (PM) de l’industrie, du trafic auto ou encore du chauffage, n’arrive, elle, qu’en neuvième position de ce classement des facteurs de décès anticipés et handicaps, calculé pour 2010 à l’échelle de la planète dans le cadre du projet « Global burden of disease » (GBD, sous l’égide de l’OMS).

« La pollution intérieure est causée principalement par l’utilisation domestique de combustibles solides », surtout le bois et le charbon, a rappelé le Pr Anderson lors d’une conférence organisée à Paris la semaine passée par l’Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires.

Près de trois milliards de personnes, surtout dans les pays pauvres, se servent de « combustibles solides » pour cuisiner avec des réchauds rudimentaires ou sur des feux ouverts, rappelle l’Union, une organisation fondée en 1920 pour lutter contre la tuberculose.

Ces réchauds rudimentaires émettent des particules fines, du monoxyde de carbone – gaz très toxique pour l’homme – et d’autres polluants à des niveaux « jusqu’à cent fois supérieurs aux limites recommandées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) », selon l’Union.

L’OMS estime à deux millions chaque année le nombre des décès dus à un mauvais système de chauffage ou de cuisson, dont plus d’un million résultant d’une maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC), parmi lesquelles une majorité de femmes.

Les études désignent trois types de maladies respiratoires « fortement liés » à l’exposition à la fumée produite par ces combustibles solides: infections aiguës des voies respiratoires chez l’enfant, bronchopneumopathie chronique obstructive et cancer du poumon chez les femmes exposées à la fumée du charbon.

On estime que près de la moitié des décès d’enfants âgés de moins de cinq ans par infections respiratoires aiguës sont causés par la pollution de l’air intérieur.

« Nous sommes tous liés par l’air qui nous entoure. Nous devons considérer la pollution de l’air ambiant comme un problème sérieux de santé au niveau mondial et encourager les gouvernements à mettre en place des législations adaptées, tout particulièrement pour protéger les enfants », a souligné la directrice scientifique de l’Union, Dr Paula Fujiwara.

Mais il n’y a pas de recette miracle pour assainir l’air intérieur pollué par la fumée de bois ou de charbon, note le Pr Anderson. « Ce n’est pas comme la cigarette que l’on peut bannir, car les gens doivent faire la cuisine. Le processus va être graduel pour développer des techniques plus efficaces pour cuisiner et améliorer l’habitat et la ventilation intérieure », explique-t-il.

L’Alliance globale pour les fourneaux écologiques (Global alliance for Clean Cookstoves), co-fondée par l’OMS, a pour ambition d’équiper 100 millions de foyers d’ici 2020 en appareils de cuisson « propres ».

Cet organisation, qui mêle financements publics et privés, ne propose pas une solution unique de « fourneau écologique » à l’ensemble des pays pauvres, mais plusieurs technologies appropriées aux cultures des différentes régions du globe.

Dans les pays riches où la pollution des logements découle surtout de la fumée des cigarettes et dans une moindre mesure de l’humidité, les solutions sont plus immédiates, en particulier « se débarrasser des fumeurs », selon le Pr Anderson.

© AFP

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