Brasilia (AFP) – La représentante des Verts brésiliens, Marina Silva, a tracé un nouveau paysage politique pour la présidentielle de 2014 qui pourrait compliquer les aspirations à la réélection de la présidente Dilma Rousseff, estiment les analystes.
Ex-ministre de l’Environnement, Mme Silva a annoncé le week-end dernier qu’elle rejoignait le Parti socialiste brésilien (PSB) qui vient de rompre avec le gouvernement Rousseff afin de pouvoir présenter son propre candidat en 2014.
Le PSB est resté près de dix ans dans la coalition gouvernementale fondée par l’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva et parrain politique de Mme Rousseff.
Seconde dans les intentions de vote pour 2014, Marina Silva, a crée la surprise en annonçant qu’elle soutiendrait la candidature du leader du PSB, Eduardo Campos, 48 ans, actuel gouverneur de l’Etat du Pernanbouc et ex-ministre des Sciences et technologie.
La propre candidature de Marina Silva à l’élection l’an prochain a été entravée par le refus jeudi de la justice de légaliser son parti politique, le Rede Sostenibilidad (Réseau durable) au motif qu’il ne disposerait pas du demi-million de signatures d’électeurs.
« C’est une alliance forte qui pour la première fois depuis 1994 peut rompre avec la traditionnelle polarisation entre le Parti des travailleurs (PT gauche, au pouvoir) et le Parti de la sociale démocratie brésilienne (PSDB, opposition) », a déclaré à l’AFP l’analyste du cabinet de consultants MCM, Ricardo Ribeiro.
M.Campos et Mme Silva sont des anciens ministres du populaire Lula et se complètent, a souligné M.Ribeiro.
« Mme Silva représente la nouveauté, une +outsider+ de la politique traditionnelle qui attire des votes, mais sa fragilité était de ne pas avoir la structure d’un parti et les doutes des milieux industriels. M.Campos lui, a un parti structuré et est bien vu des entrepreneurs mais il lui manquait de la force pour sortir des 8% d’intentions de vote », a expliqué M. Ribeiro.
« Cette alliance porte surtout préjudice à Dilma Rousseff même si la présidente est toujours la candidate la plus forte pour la réélection avec un parti qui lui assure 30% des votes », a déclaré quant à lui à l’AFP le directeur de l’institut de sondages MDA, Marcelo Souza.
« La décision de Marina augmente la pression sur Dilma » Rousseff, titrait lundi le quotidien O Globo. « Le Palais présidentiel revoit sa stratégie pour faire face à Campos-Marina », titrait quant à lui le conservateur Estado de Sao Paulo.
La présidente sortante Dilma Rousseff (gauche), 65 ans, est toutefois largement en tête des intentions de vote, avec une avance de plus de 20 points sur Mme Silva, originaire d’une communauté de ramasseurs de caoutchouc de l’État amazonien d’Acre, dans le nord-est pauvre du Brésil, analphabète jusqu’à l’âge de 16 ans.
Mme Silva avait été la révélation du scrutin présidentiel de 2010. Elle avait alors atteint le second tour avec le minuscule Parti vert.
« Le grand doute est de savoir si Marina Silva -qui avait obtenu 20 millions de voix- réussira à transférer ce capital pour l’alliance » avec M.Campos », a souligné M. Souza.
Bien que de confession évangélique et conservatrice avec des positions contraires au mariage gay ou à la dépénalisation de l’avortement lors de sa campagne de 2010, Marina Silva, est une coqueluche des réseaux sociaux. Elle a grimpé dans les enquêtes d’opinion après la fronde sociale qu’a connue le Brésil en juin, quand des centaines de milliers de jeunes sont descendus dans les rues contre la corruption, les dépenses liées à l’organisation de la Coupe du monde de football 2014 et pour l’amélioration des services publics.
Mais certains suiveurs de Marina Silva n’ont pas apprécié sa décision de migrer au PSB et ne cachaient pas leur déception sur Twitter lundi.
« Marina est tombée dans le piège » dénonçaient certains. Mais d’autres parlaient d’un vrai « Coup de maître » estimant qu’elle allait devenir la candidate du PSB à la place de M.Campos.
Pour le Jornal do Brasil cette alliance Silva-Campos pourrait même « réveiller les candidatures de Lula (2003-2010) et de l’ancien président social-démocatre Fernando Henrique Cardoso (1995-2002).
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